[Flashback] "The world is just illusion, trying to change you" | PV•Ardyn [terminé]

Pas plus aidé par le dandy qui accompagnait la petite peste, le barman reporta son regard sur cette dernière, sembla hésiter quelques instants – ce que Reanbell prit pour une petite confrontation de regard – avant de se tourner pour commencer à préparer une boisson sans qu'elle ne puisse vraiment voir quoi. Il ne fallut pas plus de temps à son bienfaiteur pour disparaître, surprise, elle n'eut pas à chercher très longtemps autour d'elle pour le trouver. Il semblait en pleine discussion avec un homme qu'elle avait un peu de mal à distinguer vu le peu d'éclairage qu'il y avait de ce côté de la salle.

— Tiens. Interpella le barman en posant un grand verre de liquide aussi clair que l'eau, mais pétillant et où flottait une rondelle de citron.
La petite blonde porta aussitôt son attention sur la boisson, l'observant sous tous les angles avant de la renifler, quelques bulles venant lui chatouiller le nez. Du bout du doigt, elle toucha la rondelle de citron pour la faire couler, mais elle remonta aussitôt à la surface. Dubitative, car cela n'avait pas du tout l'aspect de ce qu'elle avait but tout à l'heure, elle fini par prendre une gorgée avant d'arboré une moue mécontente.

— Ça c'est pas de la Vodka.
— Tu devras t'en contenter.

Boudeuse, elle daigna tout de même boire tranquillement son verre dont le contenu n'était pas si mauvais que ça, bien que les bulles la dérangeaient un peu. Après avoir observer un instant la décoration plus que modeste de ce bar, elle reporta son attention sur l'homme qui l'avait emmené ici sans plus d'explication, se demandant si elle n'était pas censée le rejoindre. Attendant un signe de lui qui pourrait aller dans ce sens, elle renonça à cette idée en remarquant qu'il avait fait venir une jeune femme pour lui apporter une mallette, ce qui, il fallait bien l'avouer, l'avait un peu vexé. Elle aussi elle aurait très bien pu le faire, ça ! Et même mieux encore. Jalouse, elle ? Elle ne savait pas ce que cela voulait dire et même si on lui expliquait le concept, il était certain qu'elle n'aurait pas avoué que c'était précisément ce qu'elle avait ressenti. Elle n'était pas jalouse, non. Elle était simplement beaucoup plus douée que cette fille, alors il était absurde qu'il ne lui ait pas confié cette tâche. Et puis elle sortait d'où d'abord ? Son rôle c'était d'attendre là tous les jours jusqu'à pouvoir se montrer utile en portant une mallette ? Pff.

Elle était en train de mâchouiller la rondelle de citron quand Ardyn revint vers elle, elle aimait assez ce fruit, même si l'acidité la faisait un peu grimacer. Le barman la regardait toujours comme une drôle de bête curieuse en frottant un verre fraîchement lavé.

— Vous shavez, commença-t-elle avec le bout de citron encore en bouche, qu'elle finit tout simplement par avaler avant de continuer, j'ai pas que ça à faire de vous suivre toute la journée comme ça. C'était faux. Elle était une clocharde sans emploie, bien sûre qu'elle n'avait rien de mieux à faire !!

Généreux, il l'était sûrement après tout ce qu'il lui avait donné, mais clément ? La joue de la blonde pouvait témoigner d'un certain doute à ce sujet ! Du coup, elle s'était renfrognée une fois de plus lorsqu'il la réprimanda – sur son alimentation cette fois, il se prenait pour son père ou quoi ? Lol – mais elle se montra cependant très attentive – presque intéressée – lorsqu'il évoqua du « travail » et si c'est pour le travail, alors .... C'était une aubaine qu'elle ne manquerait sûrement pas !
C'est donc toujours avec attention qu'elle observa les clichés qu'il lui tendait en lui donnant des instructions plutôt précises qui ne semblèrent pas vraiment l'étonner ou la choquer. Sa première mission sérieuse. La discrétion, c'était véritablement son fort pour le coup, contrairement à ce qu'elle avait pu laisser penser en entrant dans les lieux. Elle n'eut pas besoin de plus d'une seconde pour retenir le visage de l'homme, elle n'avait plus qu'à simplement s'informer de l'adresse exact de cet entrepôt ! La mission semblait plutôt facile, elle avait déjà eu à observer des endroits assez officielles de ce genre pour prévoir une infiltration clandestine, car la strict légalité n'était pas le meilleur moyen de survivre dans la rue et que certaines personnes étaient prêtes à offrir beaucoup à des petites crevettes comme elle pour des missions de ce genre.

Elle avait relevé les yeux vers Ardyn avec convoitise, juste avant qu'il ne lui parle de la récompense sans vraiment dire de quoi il s'agissait. Reanbell était déjà bien sensible à l'appât du gain, mais très étrangement – ou peut-être que cela le devenait justement de moins en moins – il lui paraissait plutôt moindre à côté de la fierté de cet inconnu qui l'avait pourtant déçu.

— Je ne pleurniche pas. Ronchonna-t-elle, car elle commençait à en avoir assez de ces allusions qui la faisait passer pour une petite nature. Elle n'était pas du tout de ce genre là !

Le plus compliqué pour elle serait sûrement le transport de l'individu jusqu'ici et très franchement, elle ne savait pas du tout comment elle allait bien pouvoir s'y prendre pour le moment étant donné qu'elle ne savait pas conduire de véhicule quel qu'il soit et qu'elle n'en avait de toute façon pas l'âge. Elle ne pouvait décemment pas se balader à travers Midgar avec une charrette ou une brouette … Quoique … Elle venait d'avoir une petite idée.

— Je sais où vous trouver. Dit-elle simplement pour accepter le challenge, sautant donc à pied joint à terre avant de se diriger vers la sortie. Sur le pas de la porte, elle marqua un léger arrêté avant de jeter un œil par dessus son épaule pour regarder ce mystérieux ange gardien impitoyable, elle n'avait pas envie de partir toute seule … car elle venait de se rendre compte que la solitude allait lui peser à partir de maintenant.
Ne laissant cependant rien paraître, elle finit par quitter le bar après avoir bien retenue l'adresse exacte de cet entrepôt vers lequel elle se dirigea aussitôt.

Tout ce qui suit ne se fit pas en un jour, mais après avoir observé un moment la routine des lieux, elle était parvenue, grâce à un contact de la rue, à se procurer un costume de facteur ainsi qu'un petit chariot de livreur. Elle put ainsi infiltrer le lieu de travail de sa cible en prétextant quelques livraisons, parvenant facilement à isoler l'homme pour le neutraliser. Après l'avoir soigneusement attaché et bâillonné, elle l'avait chargé dans le chariot avec un certain nombre de documents qu'elle avait pu trouver dans son bureau, notamment quelques cartes d'accès qui lui avait justement été demandé. Ressortant ni vue ni connue, elle put assez facilement traverser la ville avec son chariot sans paraître suspecte aux yeux des passants qui n'avaient aucune idée du nombre de kilomètre qu'elle était en train de parcourir et qui de toute façon ne faisait qu'à peine attention à elle.

La nuit était en train de tomber quand elle revint ce jour-là avec la marchandise, elle demanda au barman d'appeler l'homme concerné sans lui révéler la nature de sa livraison et le principal concerné arriva environs trente minutes plus tard. Dans le bar, elle en avait profité pour retirer la casquette de son costume et pour remettre son superbe imperméable qu'elle était parvenue à garder intact malgré sa vie à la dure et elle pu donc présenter le résultat de sa mission avec une apparence irréprochable. Après avoir vérifier le contenu du chariot en privé, l'homme la paya et elle eut bientôt entre les mains plus de gils qu'elle n'en avait jamais vu de sa vie, elle se garda bien d'en faire des caisses, débutant justement son art de la pokerface.

Elle n'avait qu'une envie pour fêter cette première belle réussite …retrouver la seule personne dont l'estime lui importait vraiment, même si elle ne voyait toujours pas pourquoi. Elle ne se posa pas plus de question à ce sujet, se dirigeant simplement vers l'immeuble où il l'avait conduit quelques jours plus tôt. Elle emprunta l’ascenseur, composa le code qui donnait accès à son étage qu'elle n'avait pas eu de mal à retenir et déboula dans l'appartement comme si c'était chez elle … l'appartement était plongé dans l'ombre, il n'y avait personne.
Décidément très à l'aise, elle s'était simplement installée dans le canapé en attendant l'arrivé de son bienfaiteur qu'elle n'avait pas vu depuis qu'il lui avait confié cette mission … et ces longues journées lui avait permis de réfléchir à tout ça. Elle en été arrivé à la conclusion qu'il lui avait peut-être bien manqué … elle s'était promis de toujours rester seule il y a quelques années, pourtant … elle avait besoin de plus, de bien plus.

N'ayant pas beaucoup dormi ces derniers jours pour le bien de sa mission, la petite blonde tomba finalement de sommeil dans le canapé de la pièce à vivre qui faisait face à la baie vitré de l'appartement de luxe. Contrairement à ce dont elle avait prit l'habitude dans son petit abris en carton, elle se sentait parfaitement en sécurité et elle tomba donc dans un sommeil profond pour la première fois depuis des années où ne dormir que d'un œil était vitale.

Si l'arrivée du propriétaire des lieux n'avait pas ébranlé son sommeil, elle avait tout de même émis une sorte de petite miaulement étouffé lorsqu'il la couvrit d'une couverture, ressentant alors un réconfort qu'elle n'avait plus expérimenté depuis des années. Elle était profondément endormie, pourtant, elle avait prit conscience qu'il était là, non loin d'elle et qu'elle était parfaitement en sécurité. La nuit fut donc plutôt paisible … pendant les premières heures en tout cas, jusqu'à ce que ses cauchemars ne la rattrape. Elle s'était alors retrouvé dans un endroit qui n'en était pas un, mais il y faisait sombre et elle semblait flotter et chuter lentement dans l'éternité du néant. Il ne se passait rien, absolument rien, mais elle avait peur et elle cherchait quelque chose … elle ne savait pas quoi. Elle avait besoin de quelque chose qu'elle ne pouvait pas atteindre et cela la mettait autant en colère que cela ne l'effrayait.
Et puis soudain, elle ne tombait plus … mais elle avait mal. Ses pieds et ses poignets étaient meurtries et sa poitrine semblait en feu. Son cœur palpitait à tout rompre, sa respiration était saccadée : jamais elle n'avait eut aussi mal, jamais elle n'avait eu aussi peur … jamais elle n'avait été aussi en colère. Mais était-ce bien elle ? Elle ne se voyait pas, elle vivait juste cette torture et elle avait l'impression que ce corps dont elle sentait tous les affres n'étaient pourtant pas vraiment le sien. Elle parvenait à peine à voir, elle savait juste qu'il faisait sombre et les quelques lumières émises par des torches l'aveuglaient, pourtant, elle aperçu finalement deux silhouettes étendues un peu plus loin, une femme et une jeune fille, peut-être une petite fille, même, toutes les deux avec des cheveux noirs … et la douleur qui déchira son cœur supplanta toutes les autres.

Boum.

Dans la panique, elle avait roulé dans le canapé jusqu'à tomber par terre, la chute l'extirpant finalement de ce terrible cauchemars. Son cœur était encore douloureux, à l'instar de ses pieds et de ses poignets, mais c'était surtout la panique qui lui donnait la nausée pour le moment. Elle s'empressa de retirer son imperméable ainsi que le chemiser de facteur pour se retrouver en débardeur … elle avait tellement chaud, d'un coup ! Son second réflexe fut d'aller allumer la lumière, remarquant au passage avec amertume qu'il pleuvait. Cela la rendait toujours triste, la pluie … Il faisait donc encore nuit, mais il lui ferait impossible de refermer l’œil après ça et d'ailleurs, elle ne tarda pas à constater qu'elle avait les joues humides. En fébrile, elle finit par se lever après s'être tout de même drapée de la couverture - dont le doux parfum la réconfortait - et malgré la douleur de ses pieds elle rejoignit l'espace cuisine où elle se servit un petit shot de vodka, ayant vite compris que ce breuvage brûlant avait quelque chose de particulièrement réconfortant, à sa manière. Ensuite, elle commença à fouiner dans les placards et le réfrigérateur en quête de nourriture, car son rêve avait laissé un lourd poids dans sa poitrine et elle ne savait pas comment s'en débarrasser. Elle fit donc griller quelques tranches de pain pour y mettre un peu de beurre et de confiture, ne remarquant qu'à ce moment les marques qui ornaient ses poignets, comme si on les avaient gardé trop serrés, trop longtemps.

Cette engin du diable qu'était le grille-pain venait de faire sauter ses deux tranches dorées quand le propriétaire des lieux apparut finalement. Du bout des doigts, elle sortit les deux tranches de pains de mie pour les lâcher devant elle et commencer à les beurrer avec un couteau rond alors que l'homme engageait naturellement la conversation sans un bonjour, mais sans paraître réellement plus surpris que ça qu'elle soit là à faire comme chez elle.

— J'ai accompli la mission et ils m'ont payé, je n'avais aucune raison de rester plus longtemps avec eux. Répondit-elle simplement, appliquant maintenant la confiture sur sa tartine. Ses paroles trahissaient malgré elle qu'elle avait donc bien une raison d'être ici, mais elle se garda bien de le préciser, ne sachant elle-même pas trop pourquoi elle était vraiment venu. Sur le coup, elle avait été poussé par le désir de reconnaissance, mais l'euphorie de ce premier succès avait eu le temps de s'essouffler après cette nuit pas aussi paisible qu'elle l'aurait espérer.

Toujours comme si la situation était parfaitement normale : qu'elle soit là à prendre son petit déjeuner comme si elle était chez elle, elle croqua à pleine dent au milieu de sa première tartine toute chaude et croustillante, se mettant plein de confiture autour de la bouche par la même occasion. Elle eut le temps de finir son petit casse-croûte et de s'essuyer la bouche avant que l'homme ne s'approche d'elle, lui saisissant subitement le bras alors qu'elle tendait la main vers le couteau pour attaquer une deuxième. Surprise, elle leva ses grands yeux vairons vers lui, non sans une lueur de crainte dans le regard comme il l'avait déjà giflé sans qu'elle n'en comprenne les raisons. Mais elle n'eut à subir aucune violence, cette fois. Il semblait tout de même bien contrarié en observant les marques sur ses poignets, ne tardant pas à lui en demander l'origine d'un air injustement accusateur. La petite blonde força alors pour se dérober et il finit par la lâcher.

— Je me suis juste réveillée comme ça. Assura-t-elle en détournant le regard qu'elle avait de luisant. Elle ne voulait pas parler de ce cauchemar, elle avait assurée ne pas être une pleurnicheuse l'autre jour, alors elle n'allait pas commencer à dire qu'elle avait eut peur d'un simple songe jusqu'à en pleurer dans son sommeil.

Ce qu'elle n'avait bien sûr pas pu remarquer, c'était les marques sur ses pieds douloureux – comme elle portait toujours ses bas – ni celles qui ornaient son dos. Pour ce détail, elle avait bien sûr senti les picotements à son réveille, mais elle n'y avait pas vraiment fait attention, mettant cela sur le compte des douleurs récurrentes du papillon qui décorait son omoplate. Pourtant, le picotement était bien plus étendu puisque les marques, longues et rougeâtres semblaient laisser penser qu'elle avait subit de sévères coups de fouets il y a quelques temps. Dans son geste de recule, la couverture dont elle s'était drapé avait glissé de ses épaules et elle la rattrapa assez vite pour la remettre en place, laissant malgré tout paraître quelques instants ces fameuses marques bien trop étendues pour que son débardeur les couvres complètements.

— Vous êtes fâché ? Elle n'en était pas sûre, elle avait toujours eu du mal à déchiffrer les visages.

La petite blonde sembla particulièrement surprise lorsqu'il évoqua un mensonge et elle le fixa un moment avec ses grands yeux emplis d'incompréhension, battant des paupières comme si cela pouvait rendre la situation plus cohérente … Non, elle n'avait pas menti, elle n'avait simplement pas donné de détail, car de toute façon, le cauchemar qu'elle avait fait ne lui semblait pas très important dans cette situation. Cela dit, elle n'aurait pas forcément refusé catégoriquement d'en parler s'il avait exigé des détails, mais il préféra lui laisser ses petits secrets, ce qu'elle regretta un peu, au fond. Cela lui donnait l'impression d'avoir moins d'importance qu'elle aurait aimé en avoir, mais ce sentiment dangereux était bien entendu soigneusement rangé tout au fond d'elle, il ne fallait pas qu'il empiète sur cette fragile carapace qu'elle pensait à tore être efficace.

— Ce ne sont pas des mensonges. Rétorqua-t-elle donc d'un air un peu perdu, ne comprenant vraiment pas pourquoi il disait cela. Est-ce qu'il le pensait vraiment ? Avait-elle eut l'air de mentir ? Bon, ce n'était pas très important.

Il ne chercha donc pas plus à l'interroger ou à la secouer de bon matin et la laissa même tranquillement finir son petit déjeuner de luxe, lui demandant tout de même de ne pas trop traîner. Comme cela avait été demandé avec une certaine indulgence, elle se permit cependant d'aller prendre une douche après avoir fini de manger – et elle avait prit soin de tout ranger comme une grande derrière elle – se hâtant un peu plus que la dernière fois. Elle avait hâte de savoir où il comptait l'emmener à présent, peut-être vers une nouvelle mission épique ! Elle espérait que cela soit assez loin pour que cela nécessite un trajet en voiture … et qu'elle pourrait peut-être rester avec lui plus longtemps … peut-être définitivement ? Elle n'osait pas vraiment le demander, ni même trop s'y attendre car elle avait peur d'être déçue et elle ne voulait pas se montrer faible en ayant l'air d'avoir besoin de lui, mais elle ne prenait pas beaucoup de place après tout … elle pourrait se contenter d'un tout petit coin et elle apprendrait vite à se rendre utile dans une maison. Cela pourrait peut-être devenir comme avec Juris pendant le peu de temps qu'ils avaient passé à l'extérieur … toujours en fuite, mais ensemble …

De retour dans la pièce à vivre, toute propre et parfumée à la « Ardyn », les premières lueurs pâles du jours commençaient à éclaircir le ciel gris de Midgar. Quelques couleurs rosées et orangées parvenaient à colorer les nuages éparses, ce qui allait à merveille avec l'homme qui se tenait devant la baie vitrée.

— Je suis prête. Annonça-t-elle juste derrière lui, sa voix était teintée d'une pointe d'enthousiasme qu'elle s'efforçait tant bien que mal de dissimuler … mais elle avait ce léger sourire qui suffisait à illuminer sa frimousse de suricate. Où allons-nous ? Loin ? Demanda-t-elle en essayant vainement d'avoir l'air détachée, le but de la question était bien sûr de savoir si elle allait avoir le droit à un nouveau tour de voiture !

La ballade serait donc assez courte, si elle avait bien compris, mais ballade il y aurait bel et bien, c'est tout ce qui l'intéressait ! Et puis, elle aurait d'autres occasions d'en faire après tout ? Si cet espoir n'était pas totalement vain, il fallait bien se dire qu'elle allait devoir attendre quelques années avant de pouvoir remontrer dans ce superbe bolide qui vous laisse les cheveux au vent. Ignorant bien sûre ce détail, la petite blonde était pour le moment simplement contente de pouvoir se balader en compagnie d'un homme qui était devenu un véritable repaire pour elle en peu de temps … son seul repaire depuis Juris, selon ses souvenirs.

C'est donc en toute insouciance qu'elle profita de la courte ballade en voiture, profitant comme la dernière fois du vent dans ses cheveux, faisant des vagues avec sa main comme si elle était un oiseau qui volait. Elle aurait bien aimé partir loin, très loin, qu'ils roulent toute la matinée, toute la journée et la nuit suivante … Elle se sentait bien, elle se sentait en sécurité … Elle aurait voulu ne jamais partir.

Mais elle devait partir.

La voiture s'arrêta à un endroit qu'elle reconnu aussitôt, c'était à cet endroit qu'elle était montée à bord la première fois après avoir suivi son sauveur mystérieux. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'ils faisaient là, mais en le voyant faire le tour de la voiture pour venir de son côté, elle commença à avoir un très mauvais pressentiment, si bien qu'elle mit un instant avant de se décider à descendre … car elle avait l'impression qu'elle ne pourrait plus jamais revenir ensuite. Ce n'était pas totalement faux.
Elle se résigna finalement à le rejoindre, un peu hésitante, décidant de briser leur première règle en lui faisant confiance et en lui donnant la main. Elle avait instinctivement fermé les yeux quand il posa sa main libre contre son front et elle ne put les rouvrir ensuite, n'entendant plus que la voix de l'homme comme si tout ce qui les entourait avait disparu. Ses mots la pénétrèrent pour faire partie intégrante d'elle, lors-même que celui qui les prononçait disparaissait une fois de plus de ses souvenirs, se faisant remplacer par une figure plus neutre et moins familière, un Turk qui se contentera de la débarrasser de son agresseur avant de lui céder une arme et de partir tout simplement. Un Turk qu'elle décida de prendre pour modèle à partir de maintenant …

Le mystérieux sauveur aux cheveux prunes avait disparu de sa mémoire, mais pas de son cœur, si bien que lorsqu'elle rouvrit les yeux, seule au milieu de la rue, elle ressentit malgré tout une pointe de tristesse en voyant la voiture violette s'éloigner au loin … Et elle reprit tout simplement sa route vers le bar où elle avait trouvé son premier travail … car elle avait une carrière de mercenaire à lancer.