“Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.”
(Jean-Paul Sartre)
Cela faisait si longtemps que j'errais sans pouvoir trouver la paix, si longtemps que je cherchais la seule chose qui pourrait me permettre d'enfin trouver le repos dans le cours de la Rivière … Ce que je cherchais me poussait à aller dans des recoins de plus en plus sombres, là où je manquai de me perdre à plusieurs reprises … Et puis un jour, il y a eu cette lumière. Je ne savais pas qui elle était, mais mon essence la reconnaissait, alors j'ai suivi ce petit papillon brillant comme une étoile … et je t'ai trouvé. Toi,
pauvre petite chose qui venait tout juste d'ouvrir les yeux pour la première fois sur ce monde sordide. Le premier visage que tu vis alors ne fut pas le mien, ça n'a jamais été le mien, nous avons raté notre chance … Non, c'est
Lui que tu as vu en premier ; Lui que je cherchais depuis si longtemps … Mais quelque chose m'empêchait de vous atteindre, quelque chose de sombre et puissant … et je crois que d'une certaine manière, c'est Lui-même qui m'en empêchait. Je ne sais pas si il pouvait sentir que je veillais sur vous … mais toi, tu le savais, pas vrai ?
Je t'ai regardé grandir dans ce monde qui n'est plus le mien, dans un monde qui n'aurait pas dû être le tien … Dans ce monde où tu n'avais même pas de mère. C'est cette grande capsule de verre qui ta donné naissance ? Comme le monde a changé, comme il est devenu étrange … Comme j'aurais aimé pouvoir te serrer dans mes bras.
Tu n'avais même pas de nom.
Pendant très longtemps on t’appelait juste
« Vingt-Trois », car tu étais la vingt-troisième et dernière enfant à naître dans le cadre de ce qu'ils appelaient
« le projet Phénix ». Ils cherchaient à rendre leurs soldats plus puissants, inépuisables et indestructibles, immortels … mais Lui, il cherchait bien plus.
Tu étais si petite, tu avais l'air si fragile ! Là où je suis, pleurer ne se manifeste pas de la même façon que sur le planché incarné de Gaïa, mais j'ai souvent éprouvé cette tristesse en te voyant si seule. En
le voyant si seul, lui aussi. Mais que t'a-t-il fait … ? Si minuscule, toutes ces personnes en blouse blanche ne se préoccupaient que de ce qu'ils appelaient des
« tests ». Tu as tellement pleuré … Je n'imaginais pas que cela pouvait être aussi déchirant. Il n'y a que dans ses bras que tu finissais pas te calmer, dans ses bras ou quand je parvenais à mettre assez d'énergie pour manifester ma présence. Je ne sais pas si tu m'entendais … mais sache que j'ai souvent chanté pour toi.
Tu grandissais mais tu avais toujours l'air aussi minuscule. Tes grands yeux vairons semblaient avoir peur de tout, sauf de Lui. Je ne sais pas si cela vient de tout ce qu'ils t'ont fait dans cette capsule de verre, mais tu as toujours eu une mémoire remarquable, alors tu te souviens sûrement de toutes les histoires qu'il t'a raconté. Le héros maudit Nadir et sa Reine des Glaces … tu t'en souviens, pas vrai ?
Je n'aimais pas qu'on te fasse du mal … et je ne savais pas qu'un être doté de conscience puisse être capable d'infliger tout cela à un autre être vivant. Ils prenaient ton sang et t'injectaient des substances étranges avec ces aiguilles énormes dans ton si petit bras … Et tu ne parlais pas, jamais, sauf à Lui … Si bien que ces gens étaient convaincus que tu étais atteinte d'un de ces troubles qui affectent la
« communication socioémotionnelle » - je suppose que pour eux cela devait avoir beaucoup de sens - à mes yeux, tu étais juste effrayée et tu n'avais aucune raison de bien vouloir communiquer avec des êtres qui te torturaient. Bon, tu ne parlais pas très bien, c'est vrai, mais c'est parce que tu manquais de pratique ! Tu as toujours été particulièrement brillante de toute façon, surtout en mathématique. Tu savais faire des choses incroyables avec les chiffres, avant même de savoir parler correctement. Je me souviens qu’il a fini par t'offrir ce carnet pour que tu arrêtes d'écrire tes calcules sur les murs de ta cellule …
Ta cellule. Une enfant ne devrait pas avoir à grandir dans un cadre aussi stérile. Un case blanche avec une simple couchette ! J'ai vécu d'un un environnement très rudimentaire, mais rien de comparable …
Tu as grandi ainsi pendant une dizaine d'année, sans même voir la lumière du jour ou le ciel. Cet endroit se trouvait sous la terre, apparemment, même les humains qui vivaient juste au-dessus ignoraient l'existence de ce lieu et de cette «
élite » qu'ils appelaient Deepground. Tu as vu la plupart de tes camarades succomber aux traitements qu'ils vous infligeaient, ils vous avez conditionné à tel point que vous ne vous êtes jamais vraiment considéré comme humain et vous ne parliez pas de mort lorsqu'un des vôtres disparaissait, mais de
« rebut ». Il t'arrivait de communiquer un peu avec les autres enfants, mais tu n'as pu te considérer amie que d'un seul et il ne faisait pas partie du même projet que toi. Sa particularité était de manipuler les souvenirs, ils faisaient en sorte qu'il s'exerce sur toi en raison de ta mémoire incomparable … et un jour il est parvenu à s'effacer de ta mémoire.
“Si le papillon s'est brûlé à la lumière, la lumière a connu les ailes du papillon et les a aimées.”
(Oria / Evangile de la colombe )
Il t'a beaucoup parlé du monde, en des termes peu flatteurs si ce n'est lorsqu'il évoquait un passé lointain. Il t'avait déjà rapporté des éléments du monde extérieur que tu considérais comme une sorte de légende, tu as été à la fois émerveillée et effrayée en voyant ta première fleur séchée et tu ne l'as jamais cru lorsqu'il t'a assuré que le chocobo qu'il t'avais montré en image existait vraiment.
Et un jour il t'a enfin emmené loin de cet endroit toxique, loin de ceux qui te faisaient du mal, qui prenaient ton sang et te privaient de tout pour observer ta résistance. Tu restais parfois plusieurs semaines enfermée sans boire ni manger, ils allaient même jusqu'à te priver d’oxygène … et avec ça ils t'obligeaient à te battre avec la même exigence que pour les autres qui étaient correctement nourri et même dopés avec ce qu'ils savaient extraire du sang de notre planète. Il aurait dû t'emmener loin d'ici beaucoup plus tôt … mais Lui aussi avait besoin de voir la preuve de certaines choses.
Il t'a montré le monde et ce dernier te terrifiait. Tu as hurlé si fort en voyant le ciel pour la première fois et il semblait impossible de te détacher de lui dès lors que tu n'avais pas un toit au dessus de la tête. Tu ne cessais de crier que tu avais peur de tomber … il a du t'expliquer le principe de gravité pour que tu commences à te rassurer. Mais tu avais peur de tout le reste … des fleurs, des chocobos, des verres à pieds … pour ces machines à quatre roues, ces
« voitures », je ne peux pas te blâmer, cela n'avait vraiment pas l'air rassurant. Je peux également comprendre pour la choucroute, ce n'est déjà pas un plat très engageant, mais vu qu'en plus tu en a reçu toute une marmite brûlante sur la tête … il y a de quoi traumatiser.
Mais avant tout, tu avais peur des autres. Tu avais cette manière adorable de disparaître complètement sous son manteau immense ou de mettre ta tête dans sa manche. Te voir t'épanouir à la surface a été à la fois magnifique et déchirant … parce que tu découvrais le monde, tu apprenais à le connaître, à ne plus le craindre … à le trouver beau, parfois. Parce que vous étiez tous les deux et que vous avez été heureux, au moins un peu, au moins quelques temps … mais que je n'étais pas vraiment là pour partager cette vie que l'on aurait pu avoir ensemble si tout avait été différent … Parce que j'aurais voulu moi aussi t'apprendre des choses : la musique et le nom des plantes par exemple ; parce que j'aurais voulu moi aussi pouvoir te border, te rassurer, te raconter les histoires qui avaient bercé mon enfance, te chanter les berceuses qui m'avaient aidé à trouver le sommeil …
Tu as finis par aimer sa voiture mauve et les chocobos … et tout le reste, sauf la choucroute. C'est ta curiosité sans borne qui t'a aidé à outrepasser ta peur, car tu avais soif de comprendre la nature de toute chose et les choses sont moins effrayantes lorsqu'on les comprend.
Tu ne pouvais plus continuer à te faire appeler Vingt-Trois, alors il t'a dit qu'il était temps de te trouver un véritable prénom .. Il a mis plusieurs jours à te convaincre de ne pas choisir
« Jacinthe » pour des raisons que je comprends avec beaucoup de nostalgie, mais tu semblais bien décidée à trouver un nom de fleur. Tu ne pouvais pas connaître la
Rinbaella Valdesa, cette fleure
« à papillon » qui était déjà rare à mon époque avait déjà disparu depuis plusieurs siècles avant ta venue au monde … ça a toujours été ma fleure préférée, tu sais ? Elle était symbole de vie, totem de protection et très efficace en tant que remède. C'est Reanbell que tu as choisi.
Tu es Reanbell Valdès. Mais cela ne dura pas très longtemps. Plus le temps passait, plus tes nuits étaient animées de terribles cauchemars. Certains marquaient même ta chair à ton réveil et il s'en rendit bien compte … Il avait beaucoup d'ambitions pour toi et je crois qu'en un sens il voulait te protéger … te préparer à la réalité cruelle d'un monde auquel, nous, personne ne nous avait préparé.
Alors il t'a abandonné … le seul moyen pour que tu te décroches de lui était de te faire croire qu'il était mort, alors c'est ce qu'il t'a fait croire. Brutalement, du jour au lendemain, tu t'es retrouvée seule dans les rues sordides de cette ville immense qu'ils appelaient Midgar. Seule et démunie. Tu avais environ onze ans, mais tu étais si chétive que tu en faisais facilement trois de moins. Tu es restée coupée du monde comme tu l'as toujours été, refusant de communiquer avec ces autres enfants aussi démunis que toi, car pendant très longtemps tu as persisté à vouloir l'attendre. Tu le pensais mort … mais le fait est que tu n'as jamais vraiment compris ce que cela voulait dire, pas vrai ? Cela faisait partie de ces concepts absurdes que tu ne parvenais pas à envisager, comme les histoires de couple, le second degré et bien d'autres concepts auxquels tu finirais pas être confrontée d'une manière ou d'une autre.
« La vie mettra des pierres sur ton chemin. A toi de décider si tu en fais un mur ou un pont »
(???)
Tu l'as attendu pendant des semaines, tu restais recroquevillée là, dans ce semblant d'abris en carton qui ne te protégeait ni du froid, ni de l'humidité des taudis de Midgar. Les gens ne faisaient pas attention à toi, l'invisible et tu ne faisais pas attention à eux … tu ne te nourrissais pas, mais tu continuais de subsister grâce à ce don … ou cette malédiction qui t'avait fait naître.
Un jour, une bonne âme est venue déposer des vivres juste devant toi, cette personne a essayé de communiquer avec toi et bien que tu sois restée muette, tu l'as écouté. Tu t'es enfin décidée à te relever, tu devais commencer à vivre, tu devais t'emparer de ta propre vie, car elle ne t'avais jamais appartenu jusque-là. Tu as commencé par observer le monde qui t'entourait, tu en as appris et mimé les codes. Tu as commencé à te battre pour ta vie et ton confort. Comme d'autres enfants de la rue, tu allais dans des endroits à la fois dangereux et inaccessibles pour un adulte afin de ramener des matériaux précieux que tu pouvais revendre.
Tu avais enfin repris ce qui te revenait de droit. Ta
vie.
Tu as dû te battre contre des monstres, mais aussi contre des humains qui te voulaient du mal. Des personnes qui n'aimaient pas la rivalité … certaines sont devenues tes alliées par la suite –
sans parler d'amitié, car si pour le coup tu comprenais le principe, tu t'y refusait farouchement. Tu ne voulais plus dépendre de personne et tu ne voulais plus accorder ta confiance à qui que ce soit. Tu voulais être seule … Mais tu ne l'as jamais été. Jamais vraiment. Je ne pouvais pas m'y résoudre … et Lui non plus. J'étais toujours là, sans que tu ne le sache … mais j'ai toujours été impuissante.
Je veillais sur toi, mais je n'ai rien pu faire ce jour-là. J'ai tout fait pour te hurler de ne pas suivre cet homme étrange qui te promettait des richesses si tu le suivais, mais tu l'as suivi … Il a essayé de te faire du mal, mais si je n'étais pas là pour te défendre,
Lui, il était toujours là. Ce jour-là, il ne t'a pas permis de le reconnaître, mais il s'est débarrassé de cet homme immonde et a pris soin de toi. Il t'a offert une arme que tu ne quitteras plus jamais et tu pris la décision de devenir invulnérable. C'est les joues encore humides de tes larmes que tu te juras de plus jamais laisser qui que soit voir tes faiblesse ou le moindre de tes sentiments. Tu t'es encore plus coupé des autres …
Tu venais d'avoir quinze ans quand tu as finalement décidé de faire confiance à
une seule personne. C'était une vieille dame qui venait souvent te voir dans ton abri en ruine, elle était douce et bienveillante … et tu as finis par aller vivre avec elle, car tu venais de te rendre compte qu'elle avait sûrement autant besoin de toi que tu avais besoin d'elle. Vous avez pris soin l'une de l'autre pendant quelques années, tu as commencé à devenir une véritable mercenaire, tu étais particulièrement débrouillarde. Tout allait bien dans le Secteur Sept, dans cette résidence où vous viviez toutes les deux … mais cela n'a pas duré.
“Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l'appelle renaissance.”
(Violette Lebon)
Il y a eu une terrible explosion, rien de comparable à ce qu'avait pu revendiquer ce groupe
« Avalanche » jusque-là. C'est tout un secteur de la capitale qui s'est effondrée et vous étiez en dessous … Après ce grand bruit, tout est devenu noir et tu ne t'es réveillée que plusieurs semaines plus tard. Tu as découvert le corps de cette femme qui avait pris soin de toi, celui de tous les autres résidents que tu appréciais aussi. Tu étais la seule encore en vie et tu ne comprenais ni pourquoi, ni comment. Tu as mis plusieurs jours encore pour revenir à la surface et lorsque tu es enfin sortie des décombres il y avait ce météore incandescent qui embrasait littéralement le ciel ! J'ai pu sentir ta terreur à ce moment là, tu as dû te demander si tu n'étais pas bel et bien morte, si tu n'étais pas enfermée dans une sorte d'enfer, un peu comme lorsque tes cauchemars te faisaient vivre les tourments des Ténèbres.
Les rues étaient désertes, alors tu as commencé à courir sans vraiment croire que tu pourrais échapper à cela. Sur le chemin tu as croisé cette petite fille en pleure, elle était par terre, paniquée, elle ne semblait pas capable de se relever. Elle devait avoir huit ans, peut-être moins … mais la voir t'a tout de suite déchiré le cœur. Tu avais l'impression de voir l'enfant faible et terrifiée que tu étais il y a encore quelques années. Tu t'es alors approchée d'elle et elle prit peur dans un premier temps, car tu avais exactement l'air de ce que tu étais à ce moment là : une revenante qui venait tout juste sortir de terre. Ton manque d'expérience avec les gens ne t'avait pas préparé à rassurer une enfant terrifiée et blessée, mais tu as quand même réussi à la calme suffisamment pour la prendre sur ton dos. Tu as commencé à nouveau à courir, mais tu n'allais plus n'importe où : tu cherchais un abri. Le temps te manquait, la terre avait commencé à trembler et le vent soulevait déjà des débris dangereux – et manquait presque de te soulever, toi. Tu es alors entrée dans la première maison que tu as pu trouver, il n'y avait pas de cave, alors tu déposas l'enfant dans une baignoire que tu recouvris d'un matelas pour tenter au mieux de la protéger … il y aurait pu y avoir de la place pour toi, mais tu voulais être sûre que ton abris de fortune tienne, alors tu es restée au-dessus pour maintenir ton dispositif et regarder par la fenêtre ce déluge qui s'abattait sur toi … Si nous ne faisions rien, cela en aurait été fini de ce monde …
Nous avons alors répondu à l'appelle d'une jeune femme qui portait en elle les restes du sang Cétra. Nous avons jailli des entrailles de la planète à travers la rivière de la vie. Nous avions tous une raison … Mais je l'ai fais pour toi et pour lui. Parce que je vous ai toujours aimé et parce que j'ai toujours aimé Gaïa … et que vous aviez besoin d'un monde en bonne santé pour vivre.
Cela n'a pas été sans conséquence.
En reprenant connaissance, la maison dans laquelle tu t'étais abritée n'avait plus de toit, mais le matelas était toujours en place. Tu le retiras, pleine de cet espoir d'avoir sauvé au moins une vie … mais la fille était inerte. Ce que tu vis alors te hante encore aujourd'hui, je le sais bien … Son corps avait été noirci par une substance visqueuse dont tu ignorais tout … Mais encore une fois, toi, tu étais intacte. Et tu ne comprenais toujours pas …
Tu as eu beaucoup de mal à te relever de tout ça. Tu te fis la promesse à nouveau de rester seule, pour de bon cette fois. S'entourer d'autres personnes, se laisser attendrir, s'attacher … tu estimais que cela n'en valait pas la peine, que c'était beaucoup trop douloureux. Tu es devenue plus distante encore qu'avant et même aigrie.
Tu passas les deux années suivantes à perfectionner ton exercice de mercenaire, tu t'en cachais bien mais tu faisais parfois bénévolement le ménage de monstre dans des zones fréquentés par ces enfants défavorisés. Tu venais même régulièrement dans certains refuges d'enfants géostigmates pour leur apporter des vivres et des soins …
Le jour où cet énorme Bahamut fut lâché en plein milieu de cette nouvelle ville : Edge –
née des cendres de Midgar – tu étais dans un bar populaire à siroter cette boisson alcoolisée que tu affectionnais de plus en plus. Tu as regardé ce spectacle avec une impassibilité parfaite, terrassant de quelques balles les monstres qui avaient été lâchés dans les rues comme si ce n'était qu'une maigre formalité.
Je ne pensais pas cela possible … mais tu étais devenue encore moins expressive que moi.
Tes origines manquèrent de te rattraper l'année suivante. Malgré ta peur viscérale d'être reconnue et ramenée dans les laboratoires de Deepground où tu avais grandi, tu t'es tout de même battue aux côtés de cette organisation qui protège la planète depuis la chute du météore qui a mis un terme aux activités de ceux qui exploitaient le sang de Gaïa. Tu t'étais cachée derrière une des nombreuses fausses identités que tu te plaisais à revêtir parfois, changeant complètement d'apparence. J'ai été surprise de voir à quel point tu me ressemblais une fois affublée de cheveux noirs et d'une frange … Enfin, tu ressemblais beaucoup à celle que j'étais plus jeune.
Tu es retournée à ton quotidien de mercenaire, un quotidien solitaire, loin de tout … mais je ne pourrais pas voir la suite. L'intervention d'Omega a provoqué un grand chamboulement dans l'ordre des choses et la rivière de la vie n'a pas réussie à reprendre toutes les âmes que son Arme ultime avait commencé à emporter … Cette brèche est l'occasion pour moi d'intervenir. Je t'envoie un dernier cadeau : un petit compagnon aussi atypique que toi. Il n'a pas eu une vie facile, lui non plus, mais vous allez prendre soin l'un de l'autre. Je vais m'arranger pour que tu le trouves, ce sera la dernière chose que je pourrais faire avant de m'éveiller … et je sais que cela impliquera sûrement que j'aurais oublié beaucoup de chose sur toi et sur ce que j'ai vu depuis la Rivière pendant tout ce temps.
Même si je t'oublie, mon essence se souviendra toujours toi, car tu fais partie de moi.
Je sais aussi que tu ne pourras sûrement jamais prendre connaissance de tous ces mots … mais je voudrais pourtant que tu saches que tu as été aimé. Sincèrement. Inconditionnellement. Je voudrais que tu saches à quel point je suis désolée de ne pas avoir pu te protéger.
Tendrement,
La mère qui n'a jamais pu te mettre au monde.