Aerith Gainsborough

   Les recherches accrues sur les Cetra ont engendré de terribles actes et de terribles conséquences, mais sans elles, Aerith ne serait jamais née. C’est grâce aux recherches susmentionnées que le professeur Gast partagea de précieux moments avec Ifalna, dernière descendante avant la naissance d'Aerith, et qu’ils tombèrent amoureux. Cette idylle ne dura pas. Peu après l’heureux événement, l’arrivée de cette petite poupée aux cheveux praline au sein du Village glaçon, le professeur Hojo assassina Gast et enleva la mère et la fille dans le but de poursuivre ce qui, selon lui, avait été laissé de côté. Aerith fit ses premières années en laboratoire. Sa mère, sujette principale de recherche sur les anciens et sur la terre promise, s’évertuait malgré tout à lui apprendre à marcher, parler, et surtout à instaurer dans sa petite tête l’importance de taire ses dons si ceux-ci se manifestaient, si elle en avait. Quelques années plus tard, la courageuse mère réussit à entrainer son enfant avec elle et fuir hors de la Shinra, la protégeant de son corps des attaques durant cette course effrénée qui s’arrêta sur les quais de Midgar, au Secteur sept. Grièvement blessée, elle s’effondra sur les marches. Les pleurs de la fille ne la relevèrent pas. Une passante nommée Elmyra, venant quotidiennement attendre quelqu’un qui ne reviendrait jamais, les trouva. A la demande de la mère biologique, la brave femme emmena Aerith avec elle et l’éleva comme sa propre fille, l’aimant avec ses particularités et ses mystères, car la petite avait sa part d’étrangeté. Aucun doute ne fut d’ailleurs laissé là-dessus lorsque les turks leur rendirent visite pour dévoiler les potentiels dons d’Aerith. La principale concernée fit ce que sa mère biologique lui avait toujours appris : elle nia. Le poids du secret pesait sur ses épaules et elle éprouvait une certaine culpabilité à avoir menti à sa propre mère. Un jour, Aerith lui raconta tout, toute la vérité, y compris ce qui était arrivé au mari d’Elmyra : qu’il était mort à la guerre. La jeune fille le savait pour avoir communiqué avec lui. C’était son don, elle communiquait avec la planète, avec les âmes du lifestream. Un fait trop étrange, et une nouvelle trop douloureuse pour Elmyra, qui lui remonta les bretelles pour ce qu’elle considéra comme de méchantes sottises. Un peu plus tard, la lettre de décès de son mari lui parvint et donna raison à l’enfant, lui faisant ouvrir les yeux.

Aerith était également en communion avec la nature, ce qui la rendait capable de faire pousser des fleurs dans les taudis, proche de chez elle mais également dans l’église du secteur 5. Un haut lieu magique et unique cette église, elle y rencontra son premier amour, Zack Fair (Les soldats entrant dans cet endroit avaient la fâcheuse tendance à préférer traverser la toiture que de passer par la porte mais ceci n’est qu’un détail). Pour la remercier de l’avoir réveillé suite à sa chute, le brun voulut lui offrir un rendez-vous. Aerith refusa l’idée de prime abord car celle-ci témoignait quand même d’une certaine présomption… Toujours est-il qu’il y eut, en quelque sorte, ce rendez-vous, même s’il n’avait pas démarré du meilleur pied lorsque la jeune fille reconnut trouver les soldats bizarre, voire effrayant, une élite dont Zack faisait justement parti. Complimenter ses jolis yeux brisa la glace et les deux tourtereaux s’avérèrent tout compte fait très complices. Zack n’était pas si présent pour elle mais le peu qu’il réussissait à se libérer, il aimait bien lui faire des cadeaux. D’abord le fameux ruban rose qui ne l’a jamais quittée, ensuite un joli chariot de fleurs, comme il avait suggéré qu’elle devrait en vendre. Il alla même plus loin en lui proposant de lister tous ses vœux sur une feuille pour qu’il s’en souvienne et les réalise. Aerith en avait des étoiles plein les yeux. Des vœux, c’étaient comme des projets ensemble, et donc comme la promesse qu’ils se verraient plus souvent. La malicieuse fleur fut tentée de lui en donner des milles et des cents ! mais… les idées lui manquaient, et ce n’était pas honnête. Elle n’allait passer que pour une enfant capricieuse (elle l’était un peu !). Sa liste ne se résuma qu’à un seul vœux au final : passer plus de temps avec lui. Cependant, c’était une période très sombre pour les soldats. Zack perdit son mentor et même les bras tendres d’Aerith ne surent lui apporter le réconfort dont il avait besoin. Zack partit pour Nibelheim avec ce petit mot qu’elle avait laissé, cette soi-disant liste, ce vœu unique, et jamais elle ne le revit (de son vivant). Pendant quatre années, elle lui envoya des lettres. Quatre-vingt huit se perdirent, la quatre-vingt-neuvième lui parvint. Mais c’était la dernière, la Cetra devait tourner la page et cesser de souffrir de son absence, de souffrir de l’attente. Sa communion avec la planète était une torture : Aerith l’attendait avec l’intime conviction paradoxale, masquée par le déni, qu’il ne reviendrait pas. Et elle tourna la page.

La jeune Cetra était devenue une femme grandie, qui en avait terminé avec sa peur du monde du dessus, sa peur du ciel, fini les craintes enfantines. Elle montait parfois sur la plaque supérieure, une rose parmi les passants, consciente de l’énergie vitale pompée par la Shinra, consciente de la complainte de plus en plus distincte de la planète. Certaines personnes n’avaient pas besoin d’être dotés de ses dons pour s’en être aperçu, elles avaient pris les armes contre la Shinra… même si la compagnie, notamment les réacteurs, étaient essentiellement visée, personne ne se sentait en sécurité. Personne ne l’était. AVALANCHE était un groupe terroristes et Aerith donna, sans le savoir, une fleur à l’un de ces hommes. Un jour, alors qu’elle s’occupait de celles de l’église, ce même homme fit un second trou dans la toiture et Aerith reconnut son regard bleu presque fluorescent. Ce garçon… il lui rappelait Zack. Jouant de sa persuasion (et du fait que Reno s’était mis en tête de la pourchasser), Aerith parvint à faire de Cloud un garde du corps, lors même qu’elle s’était très bien débrouillée seule toute sa vie et était très débrouillarde. La coquine. Cette amitié sur fond de flirt naquit sur les chapeaux de roue : dans le parc, ils virent que Tifa s’était mise dans de beaux draps en étant conviée chez Don Corneo, l’empereur des pervers. Se réalisa alors le splendide gag qui aurait dû valoir à Aerith l’award du plus grand troll de toute la compil Final Fantasy: elle convainquit Cloud de se travestir pour entrer chez Corneo par l’entrée principale. Au prix de nombreux efforts, de nombreux accessoires, ils obtinrent gain de cause en retrouvant Tifa et en obtenant les informations qu’ils nécessitaient : le plan de la Shinra était de réduire à néant le secteur 7, ratissant large dans le but d’éradiquer Avalanche. Aerith se chargea de mettre Marlène à l’abri. Elle réussit sa tâche à temps avant d’être arrêtée par les turks. Après s’être mangée une gifle à en faire verdir Scarlet de jalousie, la jeune Cetra fut emmenée dans les hauteurs de la Shinra pour des expériences … comment dire ? On passera les détails des plans déjantés de Hojo. C’était d’ailleurs sans compter l’intervention de son protecteur attitré, Cloud, qui avait emmené avec lui Barret et Tifa, dont Aerith avait senti les réticences à leur rencontre. La barmaid du Septième n’était évidemment pas dénuée de cœur et se sentait également endettée envers Aerith.

Au sommet de la tour, leur groupe intégra un nouveau membre, Red XIII. Malgré une brève captivité, ils réussirent à s’enfuir grâce, ou à cause, d’un carnage causé par celui qu’on interprétait comme étant Sephiroth. Le président n’était plus, et le fils arrogant de celui-ci ne tarda pas à faire son apparition pour reprendre les rennes de la compagnie. Le groupe s’échappa, à la demande de Cloud, qui ressortit plus ou moins vainqueur de son entrevue avec le nouveau président. Avalanche venait néanmoins de passer secondaire comme menace de la population, Sephiroth ayant pris la première place, devenu l’ennemi commun des terroristes et de la Shinra. Le groupe entama ainsi son périlleux mais passionnant voyage, commençant par une escapade à Kalm où Cloud raconta de son point de vue (quelque peu erronée) le drame de Nibelheim des années plus tôt. Le silence de Tifa n’était en rien approbateur sur cette histoire qu’ils avaient pourtant semblé avoir partagé. Aerith avait déjà conscience que des pièces manquaient au puzzle sans savoir lesquelles, encore moins l’importance de celle-ci. Elle ne mit pas les pieds dans le plat cela dit, même si elle avait un talent certain en la matière. Passé Kalm, le groupe d’amis reprit sa course folle avec, pour bref interlude, la cérémonie d’investiture de Rufus Shinra (dont la musique entêtante était encore fredonnée sur le bateau). Sephiroth semblait disperser des morceaux de Jenova sur sa route, pour leur semer plus d’embuches. Je vous passerai les plages de Costa, Barret et son beau costume marin, les courses de chocobo, les virées dans le désert… Ces petites gens vécurent une aventure riche en émotion, en indignation avec la rencontre de Yuffie, en amusement avec la rencontre de Cait Sith, en freestyle avec la rencontre de Cid, en bouleversement avec la rencontre de Vincent (et des parents de Zack, qui mentionnèrent la femme qu’il avait aimé sans savoir qu’ils l’avaient en face). Les comparses d’Avalanche s’étaient tous mis dans le même bateau, dans le même Tiny Bronco pour ainsi dire. Même les deux femmes qu’on aurait pu croire rivales devinrent de belles amies et ce, depuis qu’elles avaient passé les frontières de Midgar. Du moins au regard d’Aerith ! Celle-ci n’avait de toute façon jamais éprouvé la moindre jalousie ou le moindre sentiment de compétitivité avec Tifa, elle lui était d’ailleurs reconnaissante d’être venue à son secours à la tour.

Leur quête les mena finalement au temple des anciens, riche d’une connaissance qui était murmurée à Aerith. La demoiselle déchiffrait tant bien que mal ce qui lui était dit, guidant ses amis avec cette aide… et certainement avec un peu de chance et de hasard. Sephiroth croisa de nouveau leur route et leur révéla enfin la cause de tous ces carnages, un but ultime qui n’était rien d’autre que blesser la planète pour s’y infiltrer et corrompre son énergie vitale… pour mieux la diriger. Cette prétention n’était pas sans rappeler les desseins de Jenova. Il disparaissait, réaparaissait, mystérieux et insaisissable, Aerith n’a jamais su s’il s’agissait de projections de lui à ce moment, ou s’il s’agissait de Jenova, et si c’était elle, au nom de qui elle parlait. Le groupe ne tarda pas à trouver la réponse qu’il cherchait grâce à une des voix s’adressant à Aerith : la cetra traduit donc à ses amis que le temple était la matéria noire, et qu’on lui avait donné cette forme pour éviter, à l’époque, que Jenova s’en empare. Grâce à Cait Sith, ils réduirent le temple avant Sephiroth mais celui-ci, en manipulant Cloud par le biais de ses cellules et de ses souvenirs décomposées, réussit finalement à l’obtenir de sa main. Avant l’invocation du météore, le temps était désormais compté. Depuis son errance dans le temple, Aerith savait ce qu’elle voulait, elle savait ce qu’il fallait faire pour l’en empêcher. Craintive à l’idée d’être freinée par la protection de ses amis, elle quitta le groupe en catimini et partit rejoindre la cité des anciens, seule. Elle pouvait sauver la planète, la matéria blanche était en sa possession. Alors qu’elle priait dans ce sanctuaire pour invoquer le Sacre, elle avait le pressentiment de sa fin, ou d’un nouveau commencement. Elle ne savait pas qu’elle allait mourir, non mais… son instinct le lui murmurait peut-être, qu’une page allait se tourner. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, son regard rencontra celui de Cloud. Elle lui sourit et ce fut fini. Les ténèbres voilèrent sa vue. Sephiroth l’avait transpercée de Masamune. La matéria s’échappa de sa chevelure et tomba dans l’eau. Le corps de la Cetra rejoignit la Rivière, pour un nouveau commencement. Le Sacre ne sut vaincre le météore mais, au sein de la Rivière, Aerith mobilisa avec l’aide de ses ancêtres l’énergie vitale pour l’arrêter. En la rejoignant, Sephiroth corrompit une partie de cette Rivière et engendra la maladie. Aerith guida les égarés, guida Cloud vers la rédemption, et envoya une pluie sacrée qui caressa et guérit les maux. Ce fut son dernier coup de pouce pour la population, malgré une autre situation de crise traduite par l’émergence de Deepground un peu plus tard, dont le chef était manipulé par Hojo. La résolution de ce problème, l’arrêt d’Oméga et l’affaiblissement de la Rivière entraina une brèche au sein de celle-ci, renvoyant des âmes sur terre, y compris la sienne.
Qui dit vie peut vouloir dire nouvelle chance. Cependant, Aerith n’a pas perdu de vu son devoir.