[Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Mer 3 Jan - 21:34
Traque nocturne. Pv Cahya
Sortir de leur antre lui ferait toujours un bien drôle d’effet, et ce malgré la liberté toute relative dont ils disposaient. La lumière, grise, terne, paraissait pourtant bien éclatante une fois comparée à celle des néons, ou des ampoules qui ornaient leurs couloirs. L’extérieur, c’était toujours synonyme d’inconnu, et de danger. Le monde contre eux, et Deepground contre tous. Qu’importait leur réputation, malgré tout : des curieux venaient toujours fouiner dans les parages. Des adolescents arrogants en quête du grand frisson, ou des personnes pourtant adultes qui devaient raisonner comme des enfants pour ainsi venir se mettre en danger. Martial n’appréciait pas cela. Aucun des soldats ne l’appréciait. Il ne vouait pas de haine farouche envers ces humains, mais ceux qui étaient assez stupides pour venir empiéter sur leur territoire ne méritaient après tout aucune clémence. Pourquoi venir les chercher, vouloir les débusquer, alors qu’ils se terraient à l’endroit même où ils étaient nés ? Cette partie de la ville n’appartenait à personne plus qu’à eux. Et pourtant, alors qu’il déambulait dans certaines ruelles sordides, profitant que le ciel sombre lui permit une certaine discrétion, il en venait à se demander pourquoi tous s’obstiner à rejoindre la Tour de métal, alors que le reste du monde était à portée de leurs mains. Fichus humains au mental bien étrange. Il en avait vu rôder un non loin de la Tour, c’était la raison pour laquelle il s’était tant éloigné. Une personne extérieure penserait qu’il était bien proche de chez lui, mais cela lui semblait déjà être le bout du monde.
Il ignorait pourquoi il suivait ce maraudeur sans histoire ni importance. Sans doute l’homme était-il en quête de fragments de métal, où il ne savait quoi encore aux pieds du cadavre de métal. Martial songeait à lui faire payer son audace, le temps de quelques minutes, durant cette lente traque qui le menait dans des endroits qu’il ne connaissait guère. Ou peut-être était-ce une simple excuse pour venir se perdre dans les parages, dans ces ruines.Retrouver le chemin serait aisé. Il n’était plus un chien en laisse, pour s’inquiéter de trop se laisser aller à l’exploration, mais au fond, il serait soulagé de retourner dans ses sombres couloirs, si familiers. La simple vue de l’uniforme strié de bleu suffirait à trahir sa présence, mais le borgne n’avait qu’une crainte très vague à ce sujet. Quiconque le voyait ne pourrait s'en sortir entier, mais les oiseaux de nuit se faisaient bien rare dans cette ville, ce qui arrangeait pas mal ses affaires.
Il commençait à toucher au but. Sa cible s’était arrêtée, non loin d’une porte, et le soldat porta une main lasse vers son arme. Son geste, cependant, se figea. Une femme venait d’ouvrir. Deux balles, et personne n’en parlerait plus. Mais il resta sceptique, un instant, alors qu’ils s’enlaçaient tous deux à la clarté faible d’un des lampadaires qui, vaillamment, essayait de rendre la rue moins sinistre. Et Martial recula, roulant des yeux, et d’une main glissée dans ses mèches ébouriffée, il laissa retomber un voile prune sur la prunelle bleue qui, luisante, y voyait encore. Loin de lui l’idée de faire du sentimentalisme, mais avait-il une quelconque raison d’abattre de sang froid un pauvre citadin sous les yeux de sa femme ? Il avait fait pire. Il avait fait tellement pire que cela ne lui causait plus de remords, ni d’hésitation. Mais cette fois ci… Il ne s’agissait plus d’ordres, mais d’une initiative personnelle. Aussi pouvait-il tout aussi personnellement décider de simplement vaquer à ses occupations, et oublier ce gêneur. S’il le prenait à revenir flâner chez eux, alors il ne reverrait plus le jour.
Il releva le visage vers le ciel, tellement sombre, et, les yeux clos, entendit la porte claquer. Pas ce soir. Pas de sang, juste du calme. Pourtant, il eut un léger tressaillement, et un doux rictus pris place sur ses lèvres alors qu’il rouvrait son œil aveugle. Il entendait des pas. Discrets, et légers, mais il avait le sentiment que, qui que ce soit, il ne cherchait pas à l’éviter. Alors, penchant la tête, il scruta la ruelle, un instant, et ne put que constater en tournant légèrement le visage que, manque de chance, ou fait volontaire, la personne se situait dans son angle mort.
-Allons… Que fais-tu si loin de chez nous, toi aussi? Questionna-t-il avec une pointe de curiosité, en reconnaissant l’uniforme que portait son compagnon du soir.
Il en vint à se demander s’il s’agissait d’une coïncidence, et si Cahya avait vu toute la scène. Il connaissait tous ses camarades, mais ne se souvenait pas avoir déjà échangé plus de quelques mots avec le jeune homme. Facilement reconnaissable, par ailleurs, dans son attitude comme dans sa fantastique crinière rousse. C'était là une des raisons qui faisaient que son nom lui revenait plutôt aisément. Martial se décala quelque peu, cessant de s’appuyer contre le mur où il s’était posé quelques minutes plus tôt, intéressé. Un soldat de Deepground, perdu dans un tel quartier, passait encore. Deux, voilà qui commençait à devenir inquiétant.
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Jeu 4 Jan - 21:06
Traque nocturne
avec Martial
« - Eh bien… On devient sentimental ? »
Je fixais mon congénère, une main sur ma hanche, un sourire en coin et à peine moqueur étirant mes lèvres. J’aimais la nuit et je m’y sentais parfaitement bien, appréciant le manteau que m’offrait l’obscurité afin de m’y dissimuler. Les jours, eux, se suivaient et se ressemblaient souvent, à Deepground. Aussi, je devais redoubler d’efforts de soir en soir pour m’occuper. Dormir n’était pas quelque chose que je faisais beaucoup. Il y avait bien d’autres occupations nocturnes, mais peu de mes associés étaient partants pour m’y suivre… C’était triste. Il y a pourtant tant de choses que j’aimerais tenter. Mais passons.
J’avais donc fouiné du côté de mes pairs pour trouver ce qui meublerait ma soirée. Et pour le coup, j’avais trouvé une occupation très intéressante : traquer un traqueur. Bien que je ne connaissais pas beaucoup ce type, dont j’avais même oublié le nom, pour le coup, j’étais très curieux de lui, et encore plus maintenant que j’avais vu… Ca.
« - Ca aurait pu être rapide. Personne n’aurait su d’où venaient les coups de feu. Alors… Pourquoi ? »
Je cachais un léger agacement, bien que mes sourcils à peine froncés trahissaient mon incompréhension. Je savais que la plupart d’entre nous avaient enfin développé des sentiments, pour autant, je n’arrivais pas à les comprendre lorsqu’il s’agissait de pitié. Peut-être était-ce la façon dont j’avais évolué une fois libéré, mais à mon sens, nous devions nous venger, et aucun des habitants de cette planète n’était innocent. Tous voulaient notre disparition. Tous voulaient nous faire taire ! Exactement comme ceux nous ayant réduits en esclavages il y a de cela quelques années. Alors non, je n’arrivais pas à comprendre le choix délibéré de mon collègue. Ils étaient si faibles… Si facilement brisés.
« - Ne me dis pas que tu commences… A te ramollir ? » disais-je en me rapprochant de lui, lui tournant autour avant de me planter devant lui. « Ce serait fâcheux. Je ne pense pas que Weiss veuille des chiffes molles dans ses rangs, tu vois. »
AkumaCursed
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Jeu 4 Jan - 23:28
Traque nocturne
Pv Cahya
Avec un grognement désabusé, il suivit des yeux les pas de son camarade lorsqu’il entama de s’approcher. C’était presque offensant de se dire qu’il s’était fait suivre sans avoir ressenti la moindre présence derrière son dos. Ce n’était pas son soir, ou, manifestement, le rouquin était doué dans son rôle de traqueur.
-Sentimental. Tout de suite les grands mots. Tu me suis depuis longtemps, que je sache à quel moment j’ai commencé à déconnecter du monde ? ironisa-t-il sans hausser le ton, la voix douce, l’air plus amusé qu’autre chose.
Il ne voyait rien à se reprocher, pas même de quoi discuter des heures. Il n’était pas surpris des questions de son vis-à-vis. Ils étaient peu à comprendre, et une poignée à seulement réaliser que la haine qu’ils vouaient tous à l’humanité, Martial ne la ressentait que de façon modérée. Alors que Cahya tournait comme un rapace, lâchant son venin, il ne cilla pas, ne tourna même pas la tête pour le garder dans son champ de vision. Evelyn, la petite garce, avait cette même habitude de tournoyer. Il connaissait bien ce comportement, suffisamment pour ne plus en être agacé, si ce n’est que cela créa une légère tension dans sa manière de se tenir.
-Tu demandes à un infirme d’être rapide, c’est malvenu… Ricana-t-il doucement, et il pencha la tête lorsque son camarade vint arrêter sa marche devant lui, son œil bleu luisant de malice : J’aime beaucoup lorsque les questions enchaînent sur ce genre de remarques, continu pour voir… ? Chiffe molle, tu disais, hm ? Tu veux que je te réponde, ou tu espères que je le prenne mal?
Pas un instant il ne détourna les yeux, dès lors qu’il reprit la parole, scrutant ceux nimbés de mako de celui qui quêtait des réponses, mais venait d’insinuer qu’il n’était plus digne de la confiance de cette armée à laquelle il appartenait. Il croisa les bras sur sa poitrine, peut-être plus froissé par la réflexion qu’il ne voudrait bien l’admettre, et finalement son regard changea de direction pour se reposer sur cette porte désormais close, seule barrière entre le fouineur et eux, et pourtant bien symbolique.
-Tu m’demandes pourquoi ? Je n’en sais rien. S’il traîne encore chez nous, il aura laissé filer sa chance comme un imbécile. Mais pas ce soir. Quelqu’un l’attendait, souffla-t-il à demi-mot, l’air ennuyé : Qu’est ce que ça fait, à ton avis, d’être attendu par quelqu’un ?
Et c’était une véritable question, sans forme d’animosité. Il se recula, d’un pas, levant les yeux vers le ciel sombre. Il n’y avait pas un chat. Tout était silencieux, ou du moins rien dans cette ville maudite n’aurait pu s’approcher plus du silence. Cette ruelle était étonnement paisible, malgré son aspect un peu sinistre, mais il n’y avait plus grand-chose qui pouvait l’effrayer depuis si longtemps qu’il ne saurait dire quand.
-Et puis… La nuit est belle, Cahya, à quoi bon se salir les mains ce soir quand personne ne m’a rien demandé ? Aucun ordre, aucune faute. C’est juste une façon de voir les choses.
Il esquissa une naissance de sourire railleur, regardant son camarade en biais derrière sa tignasse colorée. Car si lui se souvenait de son nom, il doutait qu’il en soit de même pour l’impétueux rouquin. Martial n’était ni haut gradé, ni vraiment remarquable en dehors de son physique. Facilement oublié, en somme.
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Jeu 11 Jan - 10:46
Traque nocturne
avec Martial
Oh, aller. Il me sortait du drame et des paroles clichés. Enfin, si je savais ce qui comptait réellement dans les paroles clichés, n’en ayant jamais vraiment entendu de ma vie, libre ou enfermé. Je levais les yeux au ciel sans me cacher, visiblement ennuyé par la discussion alors qu’elle venait à peine de commencer. Cependant, sa question me laissa songeur. Nous étions comme une grande famille, à Deepground. Nous n’avions de toute façon pas le choix, c’était l’unité ou la mort face à ces pseudos héros qui nous traquaient et nous tuaient sans aucun regret, sans même tenter de comprendre nos motivations, notre colère… Notre lassitude. Mais malgré notre lien unique et indéfectible, si l’un de nous disparaissait, mourrait au combat… Il ne manquait à personne. Nous suivions Weiss parce que c’était la meilleure chose à faire, et nous croyions en les mêmes idéaux que lui. Et pourtant, si nous venions à ne plus être, il ne nous attendrait pas… Un rire m’échappa, tout bas, soufflé. Je détestais ce genre de moments où j’étais trop libre et conscient, au point que j’en doutais alors que ce n’était pas nécessaire.
« - Je n’en sais rien. Je te dirai ça, si ça m’arrive un jour. Mais je suppose que ça doit être aussi contraignant que rassurant. »
Je faisais quelques pas pour ressortir de la ruelle, mais je m’arrêtais finalement, dos à mon coéquipier.
« - Tu réfléchis trop. Et personne ne s’attend à ce qu’on réfléchisse. Ni ces pauvres petits humains faibles et fragiles… » Je relevais la tête avec un sourire amusé teinté d’une certaine tristesse. « … Ni Weiss et les autres. »
Je laissais un blanc s’installer avant de soupirer, me retournant pour le regarder.
« - Nous sommes des monstres pour les uns, des soldats pour les autres. On ne nous demande rien de plus que de tuer sans réfléchir, d’anéantir ce qui s’approche trop près de nous, et d’annihiler ce qui se dresse en travers de notre route pour offrir à cette planète et à son maudit peuple ce qu’ils méritent vraiment. Personne ne nous demande de nous poser des questions. »
Et je concluais dans un nouveau rire soufflé, reprenant ma route.
« - Ca y est, je deviens comme toi, à faire des réflexions détaillées. Bon, on rentre, ou tu comptes aller acheter des fleurs et leur déposer devant leur porte ? »
AkumaCursed
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Jeu 11 Jan - 20:08
Traque nocturne. Pv Cahya
Qu’il lève les yeux au ciel, après tout, se disait le borgne, qui ne pouvait s’empêcher de guetter ses réactions. Car ce qu’il disait, au moins, n’était guère plus que ses pensées actuelles, et il ne cherchait ni l’accord ni les conseils de celui qui venait, en pleine nuit, le traquer jusqu’aux plus sordides ruelles. Le rire à peine audible, pas même vraiment ce qu’on pourrait qualifier de rire si on vivait dans un monde différent du leur, le fit doucement frémir. Ainsi donc, ces mots jetés ainsi sans quelconque but avaient au moins eu un effet sur le roux. Lequel, cela il l ne le savait pas, mais le son en lui-même lui suffisait. Contraignant, d’être attendu… Rassurant ? Il n’avait pas non plus de réponse claire à cela, mais pouvait concevoir sans mal l’un comme l’autre. Sans lui laisser le temps de plus y réfléchir, Cahya entreprit de s’éloigner, et les choses se seraient arrêtés là s’il n’avait pas stoppé ses pas, sans pour autant se retourner. Et, bras croisés, Martial se laissa aller à écouter tout ce que l’autre avait à lui dire, ou du moins à exprimer.
Il ne pipa mot lorsqu’un silence étrange s’imposa, mais planta bien vite son regard dans les prunelles vertes qui lui faisaient face, alors que la voix familière et à la fois complétement étrangère s’éleva de nouveau. Au rire de Cahya répondit le sien, cependant pas pour les mêmes raisons, et il s’approcha sans donner l’impression d’être pressé, effleurant le soldat aux yeux verts pour le dépasser, amusé.
-Pour quelqu’un qui pense ne pas être destiné à réfléchir, tu parles pourtant beaucoup… Je ne pense pas être le seul à trop penser, à t’entendre, mais si tu le désires… On peut simplement oublier tout ça, et cesser de nous questionner. Mais pour en venir à déblatérer ainsi, des questions, tu dois tout de même en avoir, au fond,Susurra-t-il avec un calme de façade : Et ne rejette pas la faute sur moi, ton temps de parole dépasse le mien, désormais.
Il laissa sa marche le mener où bon lui semblait, et l’air frais lui donnait des envies de simplement se laisser tomber quelque part et en profiter, sans cette carcasse de métal qu’était la Tour au-dessus de leur tête. Le goût simple, sans artifice, d’une liberté toute relative.
-Serais-tu jaloux de ces pauvres humains ? Tu voudrais que je t’apporte des fleurs, à toi, en plus de me traquer jusqu’au bout de la ville ? T’es peut-être plus sentimental encore que ce que je le pensais.
Il ne lui offrit qu’un léger sourire en coin, une partie de son visage masqué par des mèches indisciplinées. Plus il y songeait, moins l’envie de rentrer tout de suite lui semblait alléchante. A quoi bon, de nuit, ainsi. Retourner se cloîtrer au fond des entrailles d’acier, oublier le ciel encore un peu, alors que la ville dormait. C’était là le seul moment qu’il pouvait passer sans craindre pour sa vie et la sécurité des siens. Alors il fit vivement demi-tour, se plantant devant celui qui semblait prêt à retourner chez eux.
-Tu tiens tant que ça à rentrer, alors qu’on a la nuit devant nous ? Personne ne nous attend, là-bas, on peut bien flâner encore un peu. Le noir te fait peur, on dirait… Ou c’est ce que je pourrais te faire, qui t’effraie ?
Un peu de défis ne faisait après tout jamais de mal, libre au roux d’interpréter ses paroles comme bon lui semblait. Il ne le connaissait pas, et se passer une corde au cou tout seul semblait bien possible. C’était le cadet de ses soucis, en revanche.
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Mer 17 Jan - 11:39
Traque nocturne
avec Martial
Cette fois, je riais. Trop fort peut-être pour notre situation, trop fort pour continuer à passer inaperçu dans ces rues désertes, dans l’obscurité de la nuit. Mais je ne pouvais m’en empêcher. Je ne connaissais pas beaucoup ce type, j’avais même oublié son nom pour être honnête, bien que lui se souvienne du mien. Cependant, ses quelques mots m’amusaient au plus haut point, et finalement, peut-être que j’étais d’accord avec lui : la nuit ne faisait que commencer, et nous nous amusions si bien, alors pourquoi ne pas faire durer cet instant de plaisir ?
« - Eh bien, des fleurs, la nuit devant nous et « peur de ce que tu pourrais me faire »… Je commence à croire que tu as des idées derrière la tête. »
Je croisais mes bras et continuais à faire quelques pas, passant à côté de lui pour poursuivre ma route. Mais plutôt que d’aller vers la tour, notre demeure, notre repère, je prenais une direction au hasard pour que nous nous perdions à travers les bâtiments. Puisqu’il voulait que nous nous promenions encore un peu, nous allions le faire.
« - Et qu’est-ce que tu pourrais bien me faire, au juste ? » disais-je sans me retourner.
Je levais légèrement les yeux vers le ciel. Cette soirée… Elle était superbe, comme toutes les autres avant elles, comme toutes celles qui viendraient ensuite. Mais comme toutes ses sœurs, elle prendrait fin, et je savais qu’aux premières lueurs de l’aube, ni moi ni mon « collègue » ne pourrions rester à l’air libre. Nous retournerions nous cacher dans l’amas de tôle et de ferraille parsemé de débris de verres qu’étaient les restes de la tour Shinra, symbole de leur empire désormais presque éteint. Nous resterions terrés, encore un jour de plus. Il nous était impossible d’être totalement libres, même encore aujourd’hui, après toutes les épreuves que nous avions dû subir… Alors je me disais que oui, j’allais profiter de toutes ces nuits pour exister.
AkumaCursed
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Mer 17 Jan - 19:33
Traque nocturne. Pv Cahya
Il ne savait pas vraiment si le rouquin se foutait de lui ou si cela l’amusait vraiment, mais Martial penchait plutôt vers la première option. Par commodité, ou parce qu’il avait décelé quelque chose dans le ton de l’autre qui l’aiguillait, il était dur de le dire. C’en était fini de la discrétion, avec des éclats de voix pareils, mais les gens étaient, à cette heure, plus à même de penser qu’ils étaient deux jeunes alcoolisés parlant trop fort que des soldats hantant leurs rêves. Aux accusations du jeune homme il ne fit que doucement ricaner, et il ne tarda pas à le suivre calmement dans les rues vides.
-Qu’est-ce que je pourrais te faire… Excellente question. Mais puisqu’on en vient à là, tu dois sans doute savoir, vu la vitesse à laquelle tu m’accuses de comploter. Répondit-il d’un ton léger, et il ne fit pas mine de vouloir le dépasser, suivant comme une grande ombre à l’arrière.
Il ne formula aucune objection face à leur itinéraire aléatoire, choisi par le plus pur des hasards. Il ne savait pas vraiment où ils déboucheraient, mais la ruelle devint plus large, moins sombre peut-être, grâce aux quelques lampes qui fonctionnaient. Seuls les bruits de leurs pas rompirent le silence durant un moment, que le borgne passa à simplement profiter de l’air froid qui emplissait ses poumons, et de cette impression étrange de découvrir toujours un peu plus, alors qu’ils n’étaient qu’à quelques minutes de chez eux. Si proche, et si loin pourtant. C’était enivrant.
-Tu y tiens, à tes fleurs. J’aurais cru que tu m’enverrais paître, mais tu es sentimental. Quoi de mieux que des fleurs pour charmer quelqu’un, après tout.
Son ton paraissait calme, plutôt plat, mais transparaissait au fond une certaine malice douce. Il ne connaissait guère les habitudes des humains et leurs fleurs, mais les évènements s’étaient enchaînés de sorte qu’il en arrive presque à une forme de vérité. Bien que cette histoire de fleurs soit quelque chose qui dépasse un peu son entendement. Les allusions, elles, étaient bien aisées à faire. En revanche, sa tirade quant au supposé sentimentalisme de Cahya trouva une fin bien ironique lorsqu’un chat sorti d’un recoin sombre acheva de le faire sursauter comme un furieux. Il n’avait pas eu peur à proprement parler, mais cela n’effaçait en rien la surprise de ne pas l’avoir vu venir. Angle mort aidant, le chat avait surgi comme un véritable fantôme, et il leva un regard ennuyé vers le rouquin :
-Pitié, pas de commentaire, ton air me suffit déjà amplement.
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Mer 24 Jan - 20:15
Traque nocturne
avec Martial
« - Pour me charmer, hein ? Comme si c’était quelque chose que nous faisions à Deepground… »
En un sens, c’était peut-être la seule chose que j’enviais des humains. Non, je déconne. Enfin, plus exactement, j’étais profondément curieux de ce sentiment qu’était « l’amour ». Je connaissais la tristesse, l’angoisse, la peur, la colère, la joie, le soulagement, mais jamais, ô grand jamais je n’avais connu… L’amour. Il fallait dire que sous la tour Shinra, rares étaient les couples qui se formaient. Je ne pensais même pas en avoir vu un, à aucun moment. Alors j’avais fini par déduire qu’il s’agissait de quelque chose purement humain, et mon esprit était totalement partagé entre l’envie profonde de connaître cette émotion et son rejet total car elle était synonyme de faiblesse. On en avait tellement, des histoires de soldats sautant devant leur bien-aimé pour le protéger des balles, s’arrangeant pour que l’être cher soit préservé jusqu’au péril de leurs propre vies… C’était étrange. « Beau », disaient les mortels. « Affligeant », moi, je disais.
« - C’est marrant, j’aurais cru que tu serais moins gentil, et que tu… »
Je me retournais en l’entendant sursauter, haussant un sourcil. Un… Chat. Un petit animal mignon avait fait peur à un soldat surentraîné. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire fort moqueur, et j’essayais autant que possible de ne pas rire.
« - Laisse tomber… ! Je crois que j’ai compris… » Ma voix trahissait mon amusement, menaçant de se transformer en fou-rire d’une syllabe à l’autre. « On joue les durs, mais on n’a pas grand-chose dans le pantalon, hein ? »
Je lui tournais à nouveau le dos, empruntant une ruelle au hasard, me laissant porter par les affiches gorgées d’eau de pluie s’écroulant sur elles-mêmes, par les tuyaux d’évacuation des immeubles, par les lumières clignotantes des enseignes et des néons… Peut-être aurais-je vécu dans ces endroits mal famés et délabrés, si j’avais été humain. Si j’avais été autre chose qu’un monstre craint…
« - Ce n’est pas très charmant. Tu pourrais me montrer à quel point tu es viril, quand-même. » disais-je finalement sur un ton léger... Et toujours aussi moqueur.
AkumaCursed
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Re: [Flashback] Traque nocturne [Pv Cahya] [Terminé] Dim 28 Jan - 14:00
Traque nocturne Pv Cahya
Il marquait au moins un bon point, le roux, sur le fait qu’il énonçait : les jeux de charmes étaient presque inexistants là où ils vivaient pour la simple et bonne raison qu’ils étaient tous plus ou moins dénués de tous ces sentiments si humains, si étranges. Ils essayaient du moins de s’en convaincre depuis suffisamment longtemps pour y croire. Alors cette entreprise laborieuse qu’était de courtiser quelqu’un… Il n’avait pas non plus souvenir d’avoir vu cela se produire un jour, ou bien était-il tellement peu au courant de ces choses-là qu’il ne l’avait pas même remarqué. L’affection presque familiale qu’ils ressentaient les uns les autres était la seule forme d’amour qu’ils connaissaient tous. Et, désormais, à cause d’un foutu chat errant, Cahya se foutait clairement de lui, et à cela Martial ne répondit que par une mine un rien désabusée, et un claquement de langue agacé. Plus encore que le fait de s’être une seconde fois décrédibilisé en deux minutes, c’était cette petite frayeur qui l’irritait. Le jeune homme face à lui offrait une voix qui suintait du rire qu’il s’évertuait à taire, et ces yeux scintillants de mako et de malice lui donnaient des envies de le secouer pour lui enlever ces étincelles moqueuses. Le sourire, en revanche… Martial n’était pas bien froissé d’avoir pu le contempler un moment.
-Cesse de te retenir et ris donc un bon coup, qu’on en parle plus… Ts. Et quand ai-je ne serais ce qu’insinué que je comptais te charmer ? Je ne faisais qu’évoquer une généralité… Mais je retiens que si je dois en venir à acheter ton appui un jour, je t’apporterai des fleurs, soit.
Lors de leur marche hasardeuse, ponctuée du son de leurs pas, et des gouttes qui s’écoulaient parfois de ça de là, il ne cessa de suivre le jeune homme qui devenait l’initiateur de cette courte aventure d’une nuit dans ces rues familières et pourtant mystérieuses. Alors, le balafré contemplait tour à tour les environs, des volets fermés aux néons lumineux si humains dans leur simple présence en ces lieux, puis il revenait sur le dos du guide qui choisissait chaque ruelle à l’aveuglette. Ils finiraient peut-être par déboucher quelque part, ou bien cette ville n’était-elle qu’un dédale de couloirs infinis, sans jamais de réelle destination.
-Tu aurais pu laisser mon pantalon en dehors de cette histoire, d’ailleurs, il n’y en là rien qui te regarde… A priori. Je ferai bien étalage de ma virilité et de tous mes charmes, mais il n’y a personne pour s’en rincer les yeux. Et je suis visiblement bien trop gentil pour posséder un quelconque attrait.
Il se laissa aller à penser, alors qu’il devançait le rouquin pour aller regarder avec intérêt une affiche étrange, à ce qu’il pourrait se passer s’il continuait d’avancer, encore et toujours, jusqu’à s’en perdre assez loin pour que nul ne puisse jamais le retrouver. Un endroit où tout repartirait de zéro, une liberté conditionnée… Mais il en vint à la conclusion que nulle forme de liberté ne valait la peine d’être vécue si elle n’était pas partagée par les siens. Revenant à l’affiche, il tourna ensuite le regard vers celui qui aurait aussi bien fait de le rejoindre :
-Les humains ont quand même des goûts discutables. Tu crois vraiment que certains peuvent aimer ça ?
Je m’approchais de l’affiche avec lui, la regardant un long moment, bras croisés. Sans que j’y prête vraiment attention, cela me rappelait ce crétin de Genesis et sa manie de réciter des lignes et des lignes de cette œuvre nommée « LOVELESS ». Le nom en lui-même était ridicule, quoiqu’il aurait pu être raccord avec Deepground, en un sens, voire même avec la discussion sur les émotions que nous avions, moi et… Moi et…
« - Martial... » murmurais-je doucement.
Ah, enfin je l’avais retrouvé ! Il n’était pas censé savoir que j’avais oublié, remarque. Il fallait que je fasse passer ça pour autre chose, rapidement.
« - Enfin, Martial, tu sais bien que les humains aiment des tas de choses. Des plus intéressantes aux plus inutiles. Ca n’a rien de surprenant. J’ai dû supporter notre « invité d’honneur » et ses innombrables récitations, alors plus rien ne me choque. »
Je le dépassais, le frôlant dans cette ruelle plus étroite, avant de m’arrêter à la fin de celle-ci. Une rue, bien plus grande, bien plus large quoique vide, donnant encore plus loin sur une sorte de petite place où s’entassaient des lieux de vie dont les fenêtres ne brillaient d’aucun éclat. Tout le monde dormait, et pourtant, j’avais la peur au ventre, tout à coup. Si quelqu’un nous voyait, la soirée serait gâchée alors qu’elle était si agréable.
« - C’est bien dommage que tu veuilles laisser… Ton physique et ta personne en dehors de tout ça. La nuit aurait pu être plus belle si on « s’amusait » ensemble. Il n’y a jamais personne pour tester des choses avec moi, chez nous. »
Même si je forçais un petit rire soufflé hors de mes lèvres, ma tension et mon hésitation étaient largement visibles. Ma jambe s’apprêtait à faire un pas sans jamais l’effectuer, mon visage trahissait ma crainte, léger moment de faiblesse face à ce gars. Ou plutôt dos à lui, mais c’était assez fort pour en devenir évident. Sans pouvoir y faire quoi que ce soit, j’étais conditionné pour avoir peur d’être vu, et paradoxalement, c’était tout ce que je désirais.
« - Il n’y a que nous, tu pourrais me donner un peu… D’attention. »
Le fameux invité d’honneur… Il avait manqué de tout bonnement l’oublier avec le temps, mais n’était pas sans se rappeler des quelques bribes des fameuses récitations qui filtraient parfois dans les couloirs lorsqu’il en venait à surveiller cellules et prisonniers. Sans doute les entendre sans cesse, à la longue, devait se révéler usant. Néanmoins, et il en fut satisfait, le jeune homme venait de prononcer son nom pour la première fois de leur rencontre, et il en devenait donc dur de dire s’il s’était soudain souvenu, où s’il n’était pas friand d’appellations. En soit, l’idée seule que son nom était connu lui était d’un étrange soulagement : il n’était donc pas un fantôme invisible, rôdant dans les entrailles de leur Tour.
-Peut-être aiment-ils beaucoup de choses, mais j’en viens tout de même à me demander s’ils sont capables de tous aimer cela… Cette affiche est quand même d’un sacré mauvais goût.
Malgré tout, au fond, il se demandait quelles histoires pouvaient bien se raconter derrière ce bout de papier, et ce à quoi cela pouvait ressembler une fois qu’on y faisait face. Peut-être était-ce amusant ? Il en doutait, mais la curiosité n’avait après tout aucune limite, bien qu’elle ne soit jamais assouvie et toujours réprimée. Délaissant sa maigre trouvaille, il suivit de nouveau le rouquin, stoppant un mètre à peine dans son dos pour relever le regard vers cette rue qui s’élargissait. Rien de dangereux, rien d’exceptionnel, et pourtant un goût étrange de péril et d’immensité. Aucune lueur, aucun bruit, mais cette sensation de malaise profond à l’idée qu’à tout instant, là, pouvait surgir un Homme sans valeur pour gâcher leur sortie, et les renvoyer à leur condition. Des prisonniers, alors qu’ils étaient si forts. Des exilés, alors qu’ils ne voulaient qu’être libres. Martial se tendit quelques peu, mais son œil valide scintillait en regardant cette petite place. Comme un papillon attiré par une flamme, il lui venait l’envie d’aller voir de plus près, quand bien même il n’y avait rien. L’intervention de la voix de plus en plus familière de Cahya retint son attention, toutefois, de la façon la plus efficace, et il sentit un instant un frisson d’appréhension pure remonter dans son dos. Mais ces mots lui semblaient doux à l’oreille, et la Flamme qu’il guettait quelques secondes plus tôt changea d’office d’hôte.
-J’en apprend décidément tous les jours… Car en plus d’être un sentimental, tu serais curieux ? Quelqu’un qui veut tester des choses, découvrir… Et tu oses me dire que nous ne sommes pas faits pour réfléchir ?
Il y avait un rire dans sa voix, et pourtant guère de moquerie. Il s’agissait là d’un sentiment qui n’était pas vraiment de la joie, mais qui s’en rapprochait, et il sentit une partie du poids qui pesait sur sa poitrine face à cette rue s’apaiser. Du rire sans conviction de celui qui captait désormais toute cette attention qu’il réclamait, Martial ne sut discerner ce qui sonnait faux. Il ne le connaissait pas assez. Hésitation, peur, quoi que ce soit d’autre, il ne savait le lire dans cette posture, dans cette aura atypique, mais il n’en restait pas moins qu’il sentait que Cahya venait de changer d’attitude.
-Mais que pourrait-on faire, en ce cas ? Mon attention est tienne, pour peu que tu en veuilles… Et qu’elle te suffise. Quelle meilleure initiative y aurait-il, autre que de rendre belle cette nuit… On s’en croirait presque libres… Et il lâcha un discret soupir rêveur sur ces mots, s’approchant du rouquin dont il avisa, une fois plus proche, la légère détresse.
Il n’était pas bien loin de ressentir la même, par ailleurs, car ce n’était pas là l’ordre naturel de leur vie chez Deepground. Mais il s’avérait qu’il n’avait jamais été de ceux qui collaient parfaitement au cadre, aussi finit-il par rire doucement, enfin, essayant de relâcher cette tension instaurée tant par leurs actes que par la ville muette.
-Si tu veux qu’on s’amuse, si tu veux qu’on découvre tout ce que l’on ignore, Cahya, alors cesse de me tourner le dos ainsi… La nuit est belle, mais on se lasse vite de l’admirer.
Il effleura, sans oser faire plus, le bras du jeune homme, car un revirement arrivait vite. L’incitant à se retourner, juste derrière, là, il en venait à prier que personne ne surgisse de manière imprévue. Car alors, la pression qui l’entravait risquait de le pousser à faire de la lune qui les observait une belle lune de sang.
Je le sentais m’effleurer, un début de toucher sur mon bras, ses mots me parvenant alors qu’il restait derrière moi. Un instant, l’envie de lui dire qu’il n’avait qu’à se mettre devant moi s’il ne voulait pas que je lui tourne le dos me vint, mais le nœud qui se formait à mon estomac était trop fort pour qu’une simple once de rébellion pourtant si habituelle chez moi ne se décide à sortir. J’avais devant moi cette rue, cette grande rue sur le sol duquel commençaient à s’écraser de fines gouttes de pluie, de plus en plus puissantes, leurs assauts répétés résonnant sur la petite place. Mon imagination s’emballa, les calculs stratégiques se firent d’eux-mêmes dans mon esprit : du bruit fort cachait tout ce que nous pouvions produire…
Je me retournais vivement, juste le temps de saisir le poignet de Martial pour le tirer avec moi, faisant le premier pas, puis deux, puis trois sur cette grande ouverture parmi les immeubles abîmés, les ruines, le béton fendu, les débris de verre, les déchets, mais surtout le calme et le bruit assourdissant de la pluie. Là, je me plantais au centre de cette étendue vide, ne lâchant pas ma prise quelque peu tremblante sur mon compagnon de soirée. Une ou deux secondes passèrent avant que je ne me retourne enfin, pile face à lui. La pluie s’abattait sur nous, trempant nos tenues, mes cheveux roux se retrouvant plaqués sur mon visage. J’adorais cette sensation. L’excitation de ce qu’il ne fallait pas faire mêlée au froid de l’eau et au réconfort de ne pas être seul à vivre tout cela… Parmi les nuages, la lune perçait encore, sa lueur à peine égalée par les néons clignotants un peu partout, menaçant de s’éteindre.
« - Nous sommes libres, ce soir. Nous pouvons faire… Tout ce que nous voulons. »
Mes lèvres étaient entrouvertes, une légère fumée blanche en sortant à cause du froid, causée par ma respiration un peu plus rapide et saccadée. Nous n’étions pas censés être ici, mais peut-être pour l’une des rares fois de ma vie, je bravais un interdit ! Je n’étais pas des plus obéissants, mais je n’avais jamais agi ainsi, et le danger me faisait autant frissonner que toute la situation en elle-même. Un bref sourire en coin étira mes lèvres.
« - Je crois bien que niveau sentimentalisme et curiosité… On s’égale. Hein, Martial ? Je suis sûr que tu voudrais essayer librement plein de choses. C’est l’occasion pour nous, personne ne nous attend jusqu’à demain… »
J’avais parfois l’impression d’être une vile tentation. Et c’était si bon d’en être.
Il sentit s’emballer son cœur alors que le rouquin l’empoignait pour l’entraîner dans une course folle sous la pluie, et leurs pas claquaient désormais à grand bruit sur les dalles délabrées de cette pauvre ville. Mais plus fort encore était le son des gouttes qui venaient désormais s’écraser à torrent à leurs pieds, autour d’eux, nimbant toute la rue d’un voile gris, et pourtant il n’avait jamais entendu de mélodie aussi rassurante. Et, seuls, plantés sur cette place sans âme qui vive, Martial sentait ses poumons se gonfler comme pour la première fois alors que l’eau dégoulinait sur son visage, gouttait sur son menton et faisait se plaquer son uniforme contre sa peau. Elle était froide, cette pluie, elle était même glacée, mais la chaleur qui irradiait dans son être la masquait complétement. Il laissa tomber son regard brillant d’excitation, de cette bouffée d’adrénaline douce qu’avait provoqué cet élan de vivacité, sur la main encore accrochée à son bras, et un grand sourire prit ses lèvres tandis qu’il le relevait ensuite vers le jeune homme. Ils n’avaient pas, pour ainsi dire, une bien fière allure, ainsi lessivés, trempés jusqu’aux os, mais au moins pouvaient-ils pour une fois transpirer un bonheur futile sans craindre d’être jugé.
-Personne ne nous attend… Personne ne nous attend, et bon sang, si être libre ressemble à ça, je crois que je pourrais bien m’y faire pour cette nuit.
Il ne se sentait plus en danger, désormais. Quel humain stupide irait se perdre par ce temps dans cette ville sinistre, dans le noir et le froid ? Ils pouvaient hurler s’ils le désiraient. Courir, parler, se chamailler à haute voix et faire tant d’autres choses sans que jamais cela ne se sache. Alors il pouvait bien désobéir une fois, une fois unique, mais craignait au fond de ne plus parvenir à s’en passer une fois qu’il y aurait goûté. Contemplant les cheveux qui collaient au front de son camarade, il laissa échapper un rire quelque peu rouillé de n’avoir jamais été vraiment utilisé, et dans un geste presque fantôme, il vint chasser l’eau qui roulait sur la joue lisse de son vis-à-vis, rieur.
-Si attraper la crève est le prix de la liberté, je suis bien prêt au sacrifice… Une chance que nous soyons solides, n’est-ce pas ? Mais que c’est bon d’être curieux… Pour une fois que nous pouvons vivre par nous-même !
Alors, avançant vers le rouquin, il le bouscula amicalement, non sans attraper au passage cette main qui ne le lâchait plus dans la sienne. Comme un adolescent, pour peu qu’il ait eu une adolescence, il s’amusa à enquiquiner l’autre, tournant autour sous la pluie, l’air malicieux à souhait, et l’impertinence de sa toute jeunesse ressortait sur chacun de ses traits. Quoi de mieux quand on apprécie quelqu’un que de l’embêter un petit peu ? D’autant plus que, de part leurs mains liés, il l’obligeait à tourner en son sens, et tout cela prenait tant l’air d’un jeu du chat et de la souris, traquant l’autre sans relâche, que d’une étrange danse maladroite, où seules les rayures fluorescentes qui marquaient leurs torses se découpaient vraiment. Avait-il seulement eu un jour le cœur aussi léger ? Pourtant, il battait fort. Tout dans cette situation avait un goût d’interdit absolument enivrant.
-Alors ? Tu vas te laisser mener ainsi, sans rien faire ? Ou est passée toute ton audace, Cahya ? A moins qu’il te faille vraiment ces fleurs pour te motiver, après tout… Ce n’est « pas très charmant », s’amusa-t-il à susurrer, tout en prenant soin de reprendre ces exacts termes que son compagnon avait employé, car il ne comptait pas le laisser oublier cette insolence de sitôt, bien qu’elle l’ait, finalement, amusé au-delà de l’acceptable.
L’enthousiasme de mon compagnon me faisait comme pousser des ailes. Si cela n’avait rien d’une expression pour certaines personnes, elle avait, il me semblait, un sens qui collait parfaitement bien à cette ravissante soirée : je me sentais libre. Libre comme je ne l’avais jamais été, libre comme tous ces humains qui parcourraient ces rues dès demain, et d’ailleurs ! Aucun d’entre eux ne saurait qu’à l’endroit précis où leurs pas se traceraient, deux êtres supérieurs se seraient amusés à danser sans retenue pour la première fois de leur vie. Pour la première fois dans leur existence, ces deux êtres ne se souciaient de rien de plus que du moment présent, sans se souvenir des combats, des batailles, des morts, des blessures, des expériences, des pouvoirs… Rien. Il n’y avait que deux corps s’entremêlant et des émotions à foison.
Je riais, bougeant légèrement ma tête pour que celle de Martial se retrouve à mon oreille, l’écoutant me murmurer ce petit défi qui m’amusait tant. Je reculais légèrement, sans lâcher ses mains, faisant quelques pas en arrière tout en le tirant à moi.
« - Eh bien tu n’as qu’à essayer de m’attraper, toute cette ville est notre terrain de jeu… Et on ira dans les plaines pour cueillir des fleurs ensuite ! »
Là, je le lâchais et me mettais à courir, prenant garde à ne pas aller trop vite pour qu’il me suive. J’accélérais seulement quand il s’approchait, juste assez pour lui échapper, mais après plusieurs minutes à courir, qui me semblèrent pourtant des heures, je le laissais finalement me rattraper. Je riais aux éclats, un son qui avait l’air parfois un peu abîmé. Je devais dire que je n’avais que rarement ri de bonheur, plutôt par cruauté en général. Mais j’étais même parvenu, en ce soir pluvieux, à oublier ce qui m’animait en général : ma haine. Elle n’était plus là, et même si je savais qu’elle reviendrait à un moment ou à un autre, quand nous devrions quitter ce lieu et le laisser être repris par ses habitants, je n’y pensais pas du tout à cet instant, comme je ne pensais pas à ceux qui vivaient ici et qui allaient, peut-être, nous voir ou nous entendre. Il n’y avait que nous. Que nous deux.
« - Mon cœur bat vite… » disais-je en haletant, mes lèvres étirées en un sourire alors que j’avais à nouveau laissé mon compagnon me rattraper, une main serrant la sienne, la seconde posée sur sa poitrine. « Tu crois que c’est normal… ? Ca fait ça aussi, chez toi ? C’est tellement bon ! »
S’il s’était attendu à devoir traquer son compagnon dans la moitié de la ville… Et pourtant, alors que le rouquin se mettait à courir, il ne réalisa même pas que ses jambes avaient d’elles-mêmes suivi le mouvement. Ignorant que le béton pouvait être glissant, car il n’était pas qu’un humain incapable, et le pied aussi sûr que celui d’un fauve, il s’amusa de cette course maitrisée, jouée, qui se faisait entre eux. Jamais il ne le perdait de vue, pour autant, il réalisa bien vite qu’il n’en approchait que lorsque Cahya le désirait. Il était trop grand, trop lourd pour espérer rattraper une telle flèche autrement qu’à l’usure, mais il se plaisait à faire de son mieux pour combler la distance. Et lui aussi, finalement, se laissa prendre au jeu qui se menait, jusqu’à l’attraper une première fois par pure chance, ou par compassion du jeune homme.
-Dans les plaines… Soit, ce sera là notre prochaine étape, si tu l’entends de cette oreille…
Glissant comme une anguille, sa proie présumée s’échappa de son emprise, aidée par la pluie et le fait que sa prise n’était que légère, et la course reprit de plus belle. De longues minutes durant, il ne se lassa pas de cette sensation de légèreté qui envahissait ses sens, et ces derniers ne se concentraient plus que sur le fait de ne jamais quitter celui qu’il se devait d’attraper de nouveau, et de garder, cette fois ci. Trempant leurs chaussures, leurs pantalons plus qu’ils ne le devraient en soulevant des gerbes d’eau, ils ne paraissaient pourtant pas bien incommodés. Et enfin, quand il parvint à l’attraper pour de bon, il souriait avec une sincérité presque totale, et cela rendait son expression douloureusement plus douce. Le rire de Cahya emplit l’air, comme le glas d’un carillon trop peu utilisé, et il sentit soudain une sensation bien étrange qui le poussa à doucement mêler le son de ses rires aux siens, avec plus de pudeur peut-être mais pas moins d’émotion. Personne ne les entendrait. Personne ne les dérangerait, tout simplement parce que le monde semblait avoir cessé un instant de tourner.
-Si une pauvre course te rend aussi fébrile, il faudra revoir ta façon de me fuir, taquina-t-il alors que lui-même sentait son cœur s’emballer toujours un peu plus quand bien même ils avaient cessé tout mouvement.
D’un geste machinal, qui avait tout le naturel du monde, ses doigts vinrent se lier à ceux de cette main qui était venu le récupérer, et il était d’autant plus touchant qu’il n’y avait en cela aucune arrière pensé. Aucune expérience, pas de préméditation, il ne le faisait que parce qu’il jugeait que cela était… Amplement satisfaisant, sur le moment. Observant ce sourire ravi qui lui était offert, il se mordit la lèvre pour contenir un nouvel éclat de rire, et la pluie qui redoublait aurait pu l’aveugler pour de bon s’ils n’avaient pas eu des yeux si perçants. Ces deux prunelles vertes, par ailleurs, une fois vues de si près, lui semblaient receler de teintes qu’il n’aurait jamais soupçonné. Il laissa couler un petit silence qui lui parut tellement réconfortant qu’il se serait bien vu s’y lover et s’y perdre.
-… Ca le fait aussi chez moi. Je crois que c’est… Plaisant, finit-il par souffler, à mi-voix, comme surpris par ses propres ressentis, si étrangers, et pourtant tellement instinctifs.
Sa main libre vint flatter la joue du jeune homme sans qu’il n’y prenne garde, alors que, pensif, il se penchait imperceptiblement pour voir un peu plus de ces couleurs makos qui dansaient dans ces yeux qui le scrutaient. Si Cahya se permettait de palper son torse -qu’il ne mente pas, c’était exactement ce qu’il faisait de son point de vue-, alors pourquoi résisterait-il à sa propre curiosité ? Il pinça les lèvres un instant, comme hésitant, avant d’annoncer d’un ton qu’il espéra neutre mais qui ne l’était sans doute guère :
-J’aime tes yeux. Je ne pensais pas qu’ils étaient aussi… Et il bloqua quelques instants quant au mot à employer, avant qu’il ne lâche avec une mine un peu déconfite car il n’avait pas trouvé de mot suffisamment parlant : Brillants ?
J’étais très surpris par ce mot. Je ne m’y étais pas vraiment attendu, ou disons plutôt à quelque chose de plus… Flatteur. Quoiqu’en y pensant, je n’étais même pas certain de moi-même savoir complimenter quelqu’un… Personne ne nous l’avait appris. A quoi bon ? Nous n’étions pas censés ressentir, seulement poursuivre un but toujours plus demandeur de sang, et pas le nôtre, bien évidemment. Mais pour une fois, je ne pensais pas au sang. Ou plutôt à celui que je sentais parcourir tout mon corps, autant que l’énergie mako qui m’était maintenant vitale, qui me faisait avoir chaud sous cette pluie glaciale, aidé par les battements toujours plus rapides de mon cœur. Je ne retenais pas un nouveau rire, bien moqueur.
« - T’es pas très imaginatif… Tu pourrais trouver mieux pour les décrire. Toi qui a l’air de t’intéresser aux humains, tu n’as rien appris auprès d’eux pour ça ? »
L’excitation passée, je me rendais compte de la situation. Notre proximité, le lieu, l’heure, tout me revenait, et je ne pouvais m’empêcher de me dire que nous étions de beaux idiots à rester plantés là. Je regardais un peu autour de moi, et donnais tout à coup une petite tape à Martial. Plus loin, dans un bâtiment à moitié en ruines, une vieille femme se tenait à sa porte, avec un seau dans lequel elle semblait vouloir récupérer l’eau de pluie. Elle était à distance raisonnable, et je savais que les mortels avaient la vue qui leur jouait des tours avec l’âge, mais notre présence ici était suspecte. Sans attendre, je tirais mon coéquipier, courant dans le reste des rues pour le pousser dans une minuscule ruelle, me glissant avec lui. Les toits défoncés faisaient une sorte de protection qui empêchait les gouttes de tomber, et le lieu était très sombre. Nous étions collés l’un à l’autre tant c’était petit. Je me demandais si quelqu’un allait essayer de nous chercher.
« - Bah… L’instant de liberté aura été bien le temps qu’il aura duré. » murmurais-je en levant les yeux sur le visage de mon compagnon, avec un air déçu.
Je détestais qu’il soit si grand. J’avais la désagréable impression d’être faible face à lui à cause de cela. Et si je brûlais de colère à l’idée qu’on me croit faible, et donc sans aucune valeur… C’était étrangement d’autant plus intense avec lui.
Et les voilà qui se retrouvaient dans cette ruelle sordide, l’un contre l’autre, et Martial en venait à se demander comment une telle rue pouvait exister, et pourquoi de toutes, ils étaient tombés sur celle-ci.
-Comptes-tu continuer à courir ainsi dans toute la ville à chaque fois qu’il t’en prend la pulsion ?
Certes il marmonnait, mais il fallait admettre que c’était la réaction typique qu’il aurait pu avoir. Il roula des yeux sans remarquer le léger trouble du rouquin qui, il le remarquait d’autant plus maintenant qu’il était trop proche, était plus petit qu’il l’aurait cru. Bon prince, il ne fit aucune réflexion sur le sujet pour préférer se concentrer sur cette mine déçue qu’il lui offrait. Si la vieille dame les avait vu… Elle penserait sans doute avoir halluciné, ou du moins aurait-elle des ragots et des commérages à rapporter le lendemain à toutes ses amies sur ces deux jeunes fous sous la pluie.
-Il te suffit d’une petite humaine, d’une petite vieille, pour t’empêcher de t’amuser ? Intéressant. Si elle nous avait vu ou reconnu, à mon avis, on l’aurait entendu hurler… Mais à courir ainsi comme un lièvre, je pense que tu as réussi à lui échapper.
Il s’appuya contre le mur à ces mots, libérant un minimum d’espace à ces mots, et cet endroit donnait une impression assez étouffante qui n’était pas sans lui rappeler les couloirs de la Tour, étroits, fermés, et si familiers. Au moins, ici, de l’air pouvait encore s’engouffrer dans l’ouverture, chargé de pluie, et il eut un frisson quand cette brise glacée lui chatouilla les joues. Pourtant, plus encore, c’était la chaleur contre lui qu’il ressentait à outrance. Cahya était brûlant, à croire qu’il chauffait pour ne pas refroidir, et lui-même ne devait pas être en reste. Il voyait luire faiblement ses prunelles mako dans la pénombre plus dense qui les entouraient, et il s’amusa de constater combien ses propres yeux reflétaient moins cette énergie, cette puissance, pour ne posséder plus qu’un reflet vert et luisant et non cette couleur bien typique. Il trouvait tout de même étrange d’avoir quelqu’un d’autre aussi proche. Avec Evelyn, il n’y faisait plus attention pour la toute simple raison qu’elle violait depuis si longtemps son espace vital qu’elle l’avait détruit. Mais avec le rouquin, c’était inhabituel, et cela mettait quelque peu son être en émoi, à croire qu’un simple contact humain suffisait à enfreindre loi sur loi et réveiller des choses enfouies, bannies de leurs vies.
-Si tu veux rentrer maintenant je pourrais comprendre, avoua-t-il à contrecœur, mais il releva ses yeux qu’il avait baissé sur le jeune homme : Mais la nuit est loin d’être finie. Quiconque traîne dans ces villes n’est pas au niveau de nous causer du souci, et la Tour ne réclame pas notre retour. Tu l’as dit toi-même : Personne ne saura d’où viennent les coups de feu. Surtout par ce temps. Les humains sont tellement sourds, tellement aveugles…
Au fond, il n’avait pas envie que tout cela connaisse une fin, pas même à l’aurore. Car ils redeviendraient alors deux soldats. Cahya oublierait son nom une nouvelle fois, et la Tour refermerait sur eux les chaînes qu’ils avaient forgés avec le temps. Et tout serait de nouveau comme avant, soir après soir.
Mon regard déçu devint finalement un peu énervé. Non mais oh, insinuer que je perdais mes moyens devant une vieille femme alors que j’avais juste fait ça pour nous protéger ! Oh, mais s’il pensait faire mieux, qu’il le fasse, tiens. Pff… Vraiment. L’ingratitude. Je lui saisissais le poignet à ses derniers mots, le serrant fort.
« - Tu te moques de moi ? On a dit qu’on irait dans les plaines. Tu te souviens ? J’y tiens, moi, à mes fleurs. A moins que tu n’aies plus envie de me les offrir ? »
Et une nouvelle fois, je le tirais pour sortir de cette ruelle, obligé de me contorsionner et me frotter à lui pour réussir à m’en extirper, pour le traîner vers la sortie de la ville. Ou en tout cas, ce qui restait de la ville. J’attendais malgré tout qu’il se place à côté de moi, ralentissant mes pas pour lui prendre convenablement la main. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j’avais l’impression que si je le lâchais, quelque chose allait être perdu. Et je n’avais pas envie de ça, ce soir. J’avançais plus lentement, la pluie se faisant légèrement moins forte.
« - Ca sera sans doute passé quand on arrivera. Et on aura peut-être l’occasion de voir le lever du jour. Tu l’as déjà vu ? Je rentre toujours dès les premières lueurs… »
Par sécurité, plutôt que par peur. Je n’oubliais pas que si j’étais vu, alors notre groupe entier serait en danger. Ce n’était pas que je voulais les protéger, mais je savais que si quelque chose arrivait par ma faute, Weiss notre sauveur n’aurait aucune pitié et me le ferait payer. Je tenais à ma vie, moi. Bien qu’elle soit encore un peu incertaine, bien qu’elle soit encore un peu limitée, je ne voulais pas finir déchiqueté par les lames et les balles de notre maître, ou avalé par les ténèbres de son frère pour une errance éternelle dans le néant.
Les ruines et les bâtiments dont elles provenaient se firent moins nombreux à mesure que nous avancions. Je guettais autour de nous, peu rassuré par le temps s’éclaircissant, qui risquait d’être accompagné de nouveaux visiteurs impromptus. Mais finalement, nous étions parvenus à sortir sans plus d’encombres, et nous nous dirigions vers les plaines pour finir cette belle soirée ensemble.
AkumaCursed
[HRP : Du coup je pense que tu peux directement ouvrir dans les plaines si ça te va, pour répondre ? o/]