Plus Zack observait les alentours, plus il se disait que cet endroit ne ressemblait pas à ça, la dernière fois qu'il l'avait vu. Était-il déjà venu d'ailleurs ? Il en était presque sûr et certain. Malgré la partie effondrée et les fleurs quelque-peu mal en point, cette atmosphère lui était familière. Agréablement familière.
Il avait déambulé parmi les bancs de prière délabrés, contemplé les vitraux brillant d'une lumière presque irréelle et s'était plu à revenir souvent, autrefois. Peut-être pas assez souvent, se surprit-il à penser. Plus qu'un sentiment de nostalgie, c'était un regret amer qui lui serrait la gorge. Pourquoi ? Que s'était-il passé ici ? Qu'avait-il oublié d'important ? Ou plutôt,
qui ?
Et tandis que le visage de la demoiselle aux fleurs lui revenait encore en mémoire, du mouvement attira l'attention de l'occupant de l'église délabrée. Son regard avait d'abord cru capter la silhouette de quelqu'un, mais avait fini par se poser sur les scintillements qui venaient de pénétrer dans le bâtiment. Ça, il ne s'en souvenait pas. Toujours près de l'épée plantée dans la pierre, Zack pencha la tête sur le côté avec perplexité, cherchant à suivre le trajet des orbes lumineux qui se déplaçaient à vive allure. Il n'eut pas à patienter longtemps : ces derniers traversèrent l'immense salle en ruines pour se diriger droit dans sa direction.
D'abord surpris, le guerrier chercha à les esquiver maladroitement, avant de faire un simple pas en arrière et de se voir littéralement cerné. Les particules ne passèrent pas pour autant à l'attaque, se contentant de tournoyer autour de lui et de s'éloigner de nouveau. D'accord, là, c'était vraiment très étrange. Zack était un peu perdu par ce qu'il voyait. Perdu, mais aussi fasciné. Les poussières lumineuses finirent leur course non-loin des fleurs et du recoin où le jeune homme s'était lui-même éveillé.
L'apparition se matérialisa sur le sol. Une forme humaine y était étendue, tandis qu'une vive lueur d'un vert éclatant, sculptait le corps de la nouvelle venue. Peu à peu, alors que chaque détail de son être devenait de plus en plus clair, la lumière fit place à un visage aux traits délicats. Un visage familier. Ses yeux étaient clos, mais Zack n'avait aucun mal à la reconnaître. Ce visage hantait ses pensées depuis l'instant où ses propres yeux s'étaient ouverts et posés sur les fleurs.
Et alors elle s'éveilla enfin. Le jeune homme eut l'irrépressible envie de l'interpeler, mais se ravisa au dernier moment. Il devinait sans peine dans quel état elle se trouvait. Du moins, il l'imaginait, compte tenu du mal de crâne qui le tracassait. L'appeler comme une brute pouvait la ramener à la réalité, certes, mais aussi lui faire peur. La demoiselle avait du mal à s'habituer à la lumière, alors autant éviter de hurler à travers la pièce pour faire démonstration de son enthousiasme... même si l'envie ne manquait pas. Zack se rassurait en se disant qu'elle aurait tôt fait de le remarquer.
Alors il la laissa redécouvrir le monde qui l'entourait. Il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée : la pauvre n'avait pas l'air très joyeuse de découvrir que les fleurs s'étaient fanées. Le guerrier voulut lui faire savoir qu'il n'avait pas, ou presque pas marché dessus pour la rassurer, mais se souvient très vite de ce qu'il s'était dit. Doucement, Zack, il fallait être patient, ne pas se faire remarquer comme un sauvage. Il s'était mis à réfléchir afin de trouver une manière douce d'aborder la conversation... quand il s'aperçut que la jeune femme le fixait. Étonné de se voir finalement abordé silencieusement, sa première réaction fut de lui sourire gentiment.
Quoi de mieux pour montrer que l'on venait en ami ?
Zack s'apprêtait à parler lorsque sa future interlocutrice rompit tout contact visuel, échoua à se lever et se replia sur elle-même, les deux mains sur les oreilles. Pensant d'abord l'avoir effrayée, le guerrier se rendit très vite compte que cette attitude n'avait rien de normale. Elle avait l'air de souffrir et cette "crise" ne paraissait pas vouloir s'arrêter.
Il ne fallut pas plus de quelques secondes au jeune homme pour bondir de la colonne brisée et se précipiter vers la demoiselle. Pour l'approche calme, on repasserait. Ce n'était pas le moment de rester dans son coin et encore moins de patienter. Accroupi devant elle, Zack hésita : comment la sortir de sa torpeur sans la brusquer ? Inquiet, il la détailla pour s'assurer qu'elle ne portait aucune blessure. Non, rien. Le combat avait l'air de se passer directement dans la tête de la "fille aux fleurs". Un combat qu'il ne pouvait pas mener, partager, ni gagner pour elle...
Tant pis, il essaierait quand même.
Ses mains allèrent se poser sur celles de la jeune femme, soutient indéfectible qui, il l'espérait, lui transmettrait un peu de force pour se ressaisir.
- Tout va bien, la rassura-t-il en cherchant ses prunelles vertes,
concentre-toi sur ma voix, d'accord ? Tout va bien, Aerith, je suis là.